Dans son ouvrage Comment le monde a créé l'Occident, Josephine Quinn, professeure d'Histoire Ancienne à Oxford, remet en question l'idée même de civilisation occidentale. En 450 pages, elle explore l'histoire des échanges commerciaux, des croisades et des avancées technologiques, tout en affirmant que le progrès européen est indissociable de ses voisins.
Quinn explique que le terme « civilisation occidentale » est relativement récent, né dans les années 1850. Elle souligne que ce concept se réfère principalement aux États-nations apparus en Europe au début du XVIe siècle, qui se sont ensuite étendus dans le monde. Ainsi, lorsque l'on parle d'Occident, on évoque ces nations et leurs manifestations.
Elle affirme que cette notion est une invention, tout comme toutes les civilisations. Selon elle, les civilisations n'existent que dans la mesure où les gens y croient. Cette croyance leur confère un pouvoir, même si elles ne sont pas toujours ancrées dans la réalité.
Quinn aborde aussi les conséquences de cette vision. Elle souligne que le concept de civilisation a souvent été lié à des conflits de suprématie entre cultures. En remplaçant cette vision par des relations humaines, elle propose une réflexion différente sur les interactions entre les peuples.
Elle évoque également le succès de cette idée, qui trouve ses racines chez des académiciens français et britanniques, à une époque où les nations coloniales cherchaient à justifier leurs actions. Cela a conduit à une hiérarchisation des civilisations, perdant ainsi de vue l'idée de générosité.
Le livre de Quinn regorge d'histoires de voyageurs qui ont traversé les continents, de l'Asie à l'Europe. Ces récits illustrent comment les échanges culturels ont façonné le monde. Elle note que la perception des Phéniciens en tant que marchands rusés témoigne de préjugés historiques persistants.
Quinn souligne que cette vision stéréotypée des Phéniciens et d'autres groupes montre comment l'histoire peut être biaisée. Elle compare cela à la peur humaine de l'inconnu, où chacun cherche à se ranger dans des cajoles culturelles, qu'il s'agisse de civilisations ou de nations.
En abordant des événements récents, comme l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Quinn met en lumière les interprétations historiques qui influencent la politique actuelle. Elle met en garde contre le découpage de l'histoire, qui peut mener à des conclusions erronées sur les nations et leur développement.
Elle insiste sur le fait que chaque expérience politique est unique et que les généralisations peuvent être dangereuses. L'histoire de l'Occident, par exemple, est souvent perçue de manière négative dans d'autres pays, comme la Russie, où le terme désigne « les autres ».
Josephine Quinn invite à repenser notre compréhension des civilisations, non pas comme des entités figées, mais comme des constructions sociales. Son livre, qui sera traduit en arabe cette année, promet d'ouvrir un dialogue sur la manière dont ces idées sont perçues à travers le monde. En fin de compte, elle nous pousse à réfléchir à notre identité collective et à notre place dans un monde interconnecté.