Avec la hausse des loyers et des coûts du logement, de plus en plus de Canadiens se retrouvent dans des situations précaires. Les locataires, comme Natasha Fedel, se sentent souvent ignorés et sous-représentés dans la campagne électorale fédérale actuelle. Alors que l'accession à la propriété devient de plus en plus difficile, la proportion de locataires augmente dans le pays.
Natasha Fedel souhaite depuis des années quitter son appartement délabré dans l'est de Montréal. Cependant, les loyers élevés l'ont laissée dans une situation où elle se sent coincée. Son propriétaire tente de la forcer à partir, ce qui complique davantage ses options de relogement.
Fedel vit dans son logement depuis 2001, et son loyer de 578 $ par mois est resté stable grâce à la longévité de son bail. Elle aspire à un espace de vie plus agréable, mais les prix actuels rendent cela impossible. "Si j'avais su à quel point les coûts allaient augmenter après la pandémie, j'aurais déménagé plus tôt", confie-t-elle.
Les locataires expriment leur frustration face à l'absence de représentation dans les plateformes des partis politiques. Alexandre Rivard, professeur à l'Université Simon Fraser, souligne que la propriété est ancrée dans la culture canadienne, mais cela doit évoluer. "Les prix du logement excluent une génération de l'accession à la propriété", dit-il.
Le NPD a été le parti qui a le plus mentionné les locataires, avec des promesses de limiter les propriétaires abusifs et d'associer les fonds fédéraux à un contrôle des loyers. En revanche, les autres partis ont mis l'accent sur la construction de nouvelles maisons, sans aborder les besoins spécifiques des locataires.
De nombreux Canadiens, comme Dennis Anthonipillai, ont récemment décidé de reporter leurs projets d'achat de maison. Après avoir déménagé dans un nouvel appartement à Vancouver, il a constaté que les coûts de location étaient plus abordables que ceux d'un prêt hypothécaire. "Cela n'avait tout simplement pas de sens de acheter", dit-il.
Karen Connors, 68 ans, a vécu toute sa vie en location. Avec sa fille, elle fait face à une augmentation de loyer qui a grimpé de 765 $ à 1 100 $. "Nous avons du mal à joindre les deux bouts", confie-t-elle, soulignant que les personnes à faible revenu semblent être un après-pensée dans cette campagne.
Les promesses des partis concernant le logement, notamment celles du Parti libéral et du Parti conservateur, laissent de nombreuses questions sans réponse. Véronique Laflamme, porte-parole d'un groupe de droits au logement, souligne que la crise du logement n'est pas suffisamment abordée dans cette campagne. "Les locataires ont l'impression d'être largement oubliés", déclare-t-elle.
Les groupes de défense des droits au logement, comme FRAPRU, appellent à un meilleur accès au logement social et abordable. Laflamme s'inquiète que les propositions de réduction de la TPS sur les ventes de maisons ne se fassent au détriment des financements pour le logement social. "Il y a de gros enjeux dans cette campagne", conclut-elle.
La campagne électorale actuelle semble négliger les besoins des locataires, alors que les coûts du logement continuent d'augmenter. Les témoignages de personnes comme Natasha Fedel et Karen Connors illustrent une réalité difficile pour de nombreux Canadiens. Il est essentiel que les politiciens prennent en compte ces préoccupations afin de proposer des solutions réelles et durables.