Le ministre de la Justice, Sean Fraser, a annoncé que le gouvernement fédéral prévoit de réexaminer sa législation sur les préjudices en ligne cet été. Cependant, il reste encore flou quant à l'apparence finale du projet de loi lors de sa réintroduction. Ce serait la troisième tentative des Libéraux pour adopter une législation visant à traiter les comportements nuisibles en ligne.
Fraser a indiqué dans une interview que le gouvernement n'a pas encore décidé s'il allait réécrire ou simplement réintroduire la Loi sur les préjudices en ligne, initialement proposée en 2024 sans succès. Il a promis que des mesures concernant les deepfakes et l'exploitation des enfants seront incluses dans les réformes législatives à venir.
Cette initiative vise à protéger les Canadiens, en particulier les enfants, des contenus nuisibles en ligne. Le gouvernement a déjà déposé le projet de loi C-63, qui crée la Commission de la sécurité numérique et modifie le Code criminel pour lutter contre l'exploitation sexuelle et les discours de haine.
Dans leur plateforme électorale, les Libéraux ont promis de criminaliser la diffusion de deepfakes sexuels non consensuels. Ils ont également prévu d'introduire des mesures pour protéger les enfants contre l'exploitation et l'extorsion en ligne. Ces engagements visent à renforcer les outils dont disposent les forces de l'ordre pour poursuivre ces crimes.
Fraser a souligné que la croissance de l'intelligence artificielle influence les discussions autour de cette législation. Il a déclaré que les changements dans le monde nécessitent une adaptation des politiques pour répondre aux nouveaux défis.
La législation sur les préjudices en ligne a été initialement proposée par l'ancien ministre du Patrimoine, Steven Guilbeault, en 2021. Après des critiques, le dossier a été transféré au ministre de la Justice. Guilbeault est de retour dans son ancien ministère, renommé Identité et culture canadienne.
Fraser prévoit une collaboration étroite avec Guilbeault et le ministre de l'Intelligence artificielle, Evan Solomon. Cependant, il a précisé que le leader sur ce dossier sera déterminé ultérieurement.
Les critiques de la première version de la loi ont exprimé des inquiétudes quant à la disposition exigeant que les plateformes retirent le contenu offensant dans les 24 heures. Cette exigence a été perçue comme une menace pour la liberté d'expression. Lorsque l'ancien ministre Arif Virani a introduit la loi en 2024, il a restreint cette disposition aux contenus qui victimisent sexuellement les enfants ou partagent des contenus intimes sans consentement.
Le gouvernement avait aussi prévu des amendements au Code criminel et à la Loi canadienne sur les droits de la personne pour cibler la haine. Cependant, certains ont averti que cela risquait de nuire à la liberté d'expression. Virani avait proposé de séparer ces dispositions controversées, mais cela n'a pas eu lieu avant l'élection fédérale de ce printemps.
Fraser a déclaré qu'aucune décision n'avait encore été prise sur la manière de ramener la législation sur les préjudices en ligne. Il souhaite discuter avec les parties prenantes pour garantir un soutien public large. Bien que la date de présentation de la législation ne soit pas encore fixée, des mesures pourraient être incluses dans un projet de loi criminel prévu pour l'automne.