Le projet de loi proposé par le gouvernement libéral soulève des inquiétudes majeures concernant la protection de la vie privée. Ce texte législatif permettrait aux forces de l'ordre et aux agences de renseignement de collecter des informations auprès de divers prestataires de services sans mandat. Les critiques s'interrogent sur l'impact de cette législation sur les libertés civiles.
Le projet de loi, connu sous le nom de Strong Borders Act ou projet de loi C-2, a été introduit plus tôt ce mois-ci. Il a suscité une vague de réactions négatives de la part de groupes de défense des droits civiques et d'universitaires. Ces derniers affirment que la loi crée de nouveaux pouvoirs de surveillance qui portent atteinte à la vie privée et au Charte des droits et libertés.
Les responsables du gouvernement ont tenu une conférence de presse pour justifier ces changements, affirmant qu'ils sont nécessaires pour faire face à l'évolution du paysage criminel. Ils ont évoqué les sections d'accès légal du projet de loi, tout en précisant qu'ils ne souhaitaient pas être cités directement.
Si le projet de loi C-2 est adopté, il obligerait les prestataires de services à transmettre des informations de base aux forces de l'ordre et au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) sans approbation judiciaire. Cela inclurait des données personnelles telles que des noms, adresses et numéros de téléphone.
Les responsables ont fourni un exemple hypothétique pour illustrer le fonctionnement de la loi. Si le SCRS reçoit une information sur une personne liée à un numéro de téléphone canadien, il devra d'abord identifier le fournisseur de services avant de demander des détails supplémentaires.
Les critiques du projet de loi soulignent qu'il est "prédisposé à des abus". Tim McSorley, coordinateur national du Groupe de surveillance des libertés civiles, a exprimé ses préoccupations concernant les atteintes à la vie privée que cela pourrait engendrer. Il a averti que les agences de police pourraient exiger des informations basées sur un simple soupçon raisonnable.
De plus, le projet de loi permettrait la saisie d'informations sans mandat en cas d'urgence. Cela pourrait avoir des conséquences juridiques pour ceux qui ne se conformeraient pas aux demandes des forces de l'ordre.
Le projet de loi a reçu le soutien des chefs de police canadiens, qui estiment que les demandes sans mandat fourniraient des informations minimales mais cruciales au début d'une enquête. Les défenseurs de la protection de l'enfance ont également plaidé pour des modifications afin d'obliger les fournisseurs d'accès à Internet à coopérer avec les autorités.
Richard Fadden, ancien directeur du SCRS, a fait remarquer qu'un annuaire téléphonique permettait autrefois aux policiers d'accéder à des informations similaires. Cependant, les critiques soutiennent que les nouvelles demandes sans mandat offriraient un accès beaucoup plus large aux données.
En résumé, le projet de loi C-2 soulève des interrogations sérieuses sur l'équilibre entre la sécurité nationale et la protection des droits individuels. Alors que le gouvernement cherche à renforcer la sécurité des frontières et à lutter contre la criminalité transnationale, la société civile reste vigilante face aux implications potentielles de cette législation.