La Lotería du Crime : Comment fonctionne le 'jogo do bicho' au Brésil ?
Le phénomène du jogo do bicho au Brésil
Au Brésil, le jogo do bicho est bien plus qu'une simple loterie. C'est un véritable phénomène culturel, ancré dans la société depuis plus d'un siècle. Ce jeu, qui implique des paris sur des animaux, est populaire malgré ses liens avec le crime organisé. L'histoire de ce jeu remonte à 1892, lorsqu'un propriétaire de zoo a organisé une rifa pour attirer des visiteurs.
Ce qui a commencé comme une simple loterie a évolué pour devenir un réseau complexe, générant aujourd'hui environ 250 millions d'euros par an. Les joueurs choisissent un animal associé à des numéros, et les tirages sont basés sur la Loterie Fédérale du Brésil, ce qui donne une apparence de transparence au jeu.
Les acteurs du jogo do bicho
À la tête de ce système, on trouve des banquiers qui financent des événements et distribuent de la nourriture dans les communautés pauvres pour gagner du soutien. Ils utilisent souvent la violence pour maintenir leur contrôle. En dessous d'eux, les bicheiros dominent des quartiers entiers, tandis que les vendeurs interagissent quotidiennement avec les parieurs.
Cette structure hiérarchique explique en partie la longévité du jogo do bicho. Sa vaste réseau de points de vente complique le contrôle policier, et son soutien à des événements populaires lui confère une grande acceptation sociale.
Les conséquences légales et sociales
Depuis 1941, le jeu est considéré comme une infraction administrative plutôt que comme un crime grave. Les peines pour les organisateurs sont légères, allant de quatre mois à un an de prison, ce qui réduit le risque pour les participants. De plus, les liens établis avec des politiciens et des juges permettent au jeu de prospérer malgré les tentatives d'éradication.
À Rio de Janeiro, le jogo do bicho prend des proportions spectaculaires, avec des familles se battant pour le contrôle. Des figures notables, comme le Capitaine Guimarães, illustrent la violence et la complexité de ce système. Les rivalités entre familles ajoutent une dimension dramatique à cette lutte pour le pouvoir.
La violence et la rivalité au sein du jogo do bicho
La violence est omniprésente dans le monde du jogo do bicho. Des personnalités comme Adriano da Nóbrega, un ancien militaire, ont joué des rôles clés dans la protection des familles dirigeantes. Ces relations sont souvent entachées de violence et de corruption, ce qui complique davantage la situation.
À São Paulo, la violence est moins visible mais tout aussi structurée. Des figures comme Ivo Noal ont dominé le paysage du jeu, contrôlant des fortunes colossales. Les récits d'activités illégales se déroulant dans des lieux hautement sécurisés témoignent de l'ampleur du phénomène.
Vers une possible légalisation du jogo do bicho
Depuis des décennies, la légalisation du jogo do bicho est débattue au Congrès brésilien. Un projet de loi proposé en 2022 visait à régulariser ces loteries par le biais de concessions et de contrôles fiscaux. Cependant, le manque de consensus politique a bloqué ces initiatives.
Des experts soulignent que légaliser le jeu pourrait générer des revenus pour l'État et créer des emplois. Toutefois, des risques sociaux tels que la ludopathie et l'endettement des familles posent des questions sur les bénéfices potentiels de cette légalisation.
Conclusion
Le jogo do bicho est un reflet des complexités sociales et économiques du Brésil. Bien qu'il puisse sembler inoffensif, il est en réalité un système profondément ancré dans la violence et la corruption. La question de sa légalisation demeure un sujet de débat, illustrant les défis auxquels le pays est confronté.
