La crise du logement en Espagne s'accompagne d'une autre crise : celle du secteur de la construction. Ce dernier peine à attirer les jeunes travailleurs. Avec une âge moyen des employés de 45,1 ans, la situation devient préoccupante. Bien que l'arrivée de travailleurs étrangers aide, elle ne suffit pas à résoudre le problème d'en vieillissement de la main-d'œuvre.
Actuellement, 65 % des ouvriers du bâtiment en Espagne ont plus de 45 ans, un chiffre alarmant. Selon un rapport de BBVA Research, le secteur, représentant 5,4 % du PIB, fait face à une pénurie de main-d'œuvre croissante. Cette situation complique l'exécution des projets dans tout le pays.
Les postes vacants dans la construction ont considérablement augmenté ces dernières années. C'est le secteur où le plus de travaux restent non pourvus. Jesualdo Ros, secrétaire général de la fédération des employeurs d'Alicante, déclare : « Il n'y a pas de travailleurs. Des chantiers sont à l'arrêt, attendant une main-d'œuvre disponible. »
Le nombre d'employés dans le secteur est bien en dessous de la moyenne des 30 dernières années. En mars 2025, les travailleurs de la construction représentaient seulement 6,8 % du total des employés en Espagne, soit 2,1 points de moins que la moyenne. La Confédération Nationale de la Construction (CNC) affirme qu'il manque 700 000 travailleurs pour répondre à la demande.
Pedro Fernández, président de la CNC, souligne que la pénurie de travailleurs qualifiés menace les objectifs en matière de logement et les infrastructures du Plan de Récupération. Dans des régions comme l'Extremadura, la situation est encore plus critique.
La pénurie de main-d'œuvre s'ajoute à un problème d'âge avancé des employés. Plus de 55 % des travailleurs ont plus de 45 ans. En 2022, l'âge moyen dans le secteur était de 45,1 ans, soit 8 ans de plus qu'en 2007. Pedro Fernández note que le secteur renouvelle sa main-d'œuvre vieillissante avant d'attirer des jeunes.
Les jeunes, souvent attirés par des études supérieures, délaissent la construction. Cette tendance crée un vide constant de postes, un problème qui s'aggravera dans les années à venir. Sílvia Balcells, directrice générale de Synergie en Espagne, met en garde contre une situation critique si rien n'est fait.
Pour pallier cette grave pénurie de main-d'œuvre, la CNC propose de régulariser les immigrants et d'attirer des travailleurs étrangers. Le président de la CNC demande un Plan de Choque complet pour réformer la formation professionnelle et encourager l'embauche de jeunes et de femmes.
La CNC suggère également de former les immigrants pour favoriser leur intégration en Espagne, ce qui pourrait lutter contre l'économie souterraine. De plus, il est essentiel d'augmenter la représentation des femmes dans le secteur, qui représente déjà 11,4 % des travailleurs.
Finalement, le secteur de la construction doit prouver qu'il est moderne et dynamique. Grâce à des investissements dans la formation et la technologie, il peut attirer les jeunes dont il a besoin. Le PSOE a récemment débloqué la régularisation de plusieurs centaines de milliers d'immigrants, une avancée qui pourrait aider à résoudre cette crise de main-d'œuvre.