Lorsque l'on évoque les opportunités de l'économie espagnole, peu d'expressions sont aussi répétées que celle de devenir la porte d'entrée vers l'Europe pour les entreprises latino-américaines. Le lien culturel, la langue et la présence de multinationales espagnoles ont traditionnellement servi de pont, mais le continent tourne de plus en plus son regard vers les États-Unis.
Le monde des startups ne fait pas exception à cette tendance. Les restrictions migratoires et la politique économique de Trump poussent les entreprises latino-américaines à envisager l'Europe comme un nouveau marché à explorer. Cependant, les fonds espagnols ne semblent pas encore pleinement saisir cette opportunité.
Le South Summit, événement phare de l'écosystème entrepreneurial, a rassemblé plus de 20 000 participants à Porto Alegre. Ce chiffre dépasse celui de Madrid, soulignant l'importance croissante de l'Amérique latine. Bien que des fonds américains et asiatiques comme Softbank soient présents, la représentation espagnole reste rare.
Gustavo S. Carvalhal, directeur pour l'Amérique latine du fonds K Fund, affirme que Madrid est le meilleur point de départ pour une entreprise latino-américaine cherchant à se développer en Europe. Il souligne que, bien que beaucoup de startups visent initialement les États-Unis, les incentives ne sont plus si puissants.
Selon lui, le marché américain est devenu plus compétitif et coûteux. Il préconise une expansion en Europe pour générer des revenus en monnaie forte et établir une marque à portée mondiale avant de se diriger vers les États-Unis.
Malgré cette vision, Carvalhal note qu'il n'existe pas beaucoup de fonds européens adoptant cette approche. Christine Kenna, associée d'Ignia Venture Capital, confirme que les fonds espagnols investissent principalement dans le logiciel. Elle insiste sur l'importance de collaborer avec des fonds locaux pour maximiser les chances de succès.
Parmi les fonds mentionnés, on trouve Seaya et Bonsai, ainsi que Spark, la division de banque pour startups de BBVA, active dans des pays comme le Mexique.
Le secteur du capital risque en Espagne est encore jeune. Juan José Guemes, président du Centre d'Entrepreneuriat et d'Innovation de l'IE Business School, explique qu'il faut du temps pour mûrir. Il souligne que l'Espagne est à la traîne en matière d'investissement par habitant dans le capital risque, comparée à des pays comme Israël ou la France.
Il est crucial que les corporations espagnoles jouent un rôle actif dans le renforcement de ce pont. Le fonds Leadwind de K Fund collabore avec des entreprises comme Telefónica et BBVA, qui offrent d'importants canaux de distribution aux startups investies.
Pour conclure, les relations entre l'Europe et l'Amérique latine doivent devenir plus fluides. Les entreprises européennes devraient explorer l'Amérique via l'Amérique latine, permettant ainsi une meilleure intégration des marchés. Cela pourrait ouvrir davantage de portes pour les entreprises latino-américaines en Europe et vice versa.