Le Royal Mail, institution britannique emblématique, est sur le point de changer de mains. À partir de fin avril, un milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, prendra le contrôle de cette entreprise qui semble en déclin. Pourquoi un investisseur aussi puissant s'intéresse-t-il à une entité en difficulté ?
Daniel Kretinsky, surnommé le Sphinx tchèque, est un homme d'affaires influent, avec une fortune estimée à 6 milliards de livres. Son parcours a débuté dans le droit avant de se tourner vers les marchés de l'énergie en Europe. Il possède également des parts dans des entreprises comme Sainsbury's et West Ham United.
Lors de notre rencontre à Claridge's, il a exprimé son intérêt pour le Royal Mail, une institution britannique autrefois vénérée. Son profil d'acheteur suscite des préoccupations, notamment en raison de ses liens passés avec la Russie. Cependant, son offre a été approuvée par le gouvernement britannique après des engagements juridiques.
Royal Mail a été fondé par Henri VIII il y a plus de 500 ans, mais sa position a considérablement diminué ces dernières années. L'entreprise subit des pertes financières et une érosion de sa part de marché, avec des grèves qui ont exacerbé les tensions avec ses employés. En 2024, elle a été condamnée à une amende de 10,5 millions de livres pour ne pas avoir respecté ses objectifs de livraison.
Alors que le secteur des colis connaît une croissance, Royal Mail peine à conserver sa part de marché face à des concurrents comme DPD et Amazon. Les volumes de lettres ont chuté, passant de 20 milliards en 2004 à moins de 7 milliards l'année dernière.
Kretinsky a un plan ambitieux pour revitaliser le Royal Mail. Il a acquis une participation de 27,5 % dans la société mère, International Distribution Services (IDS), et envisage de créer un conglomérat européen dans les secteurs de l'énergie, du commerce de détail et de la logistique. Son objectif est de rivaliser avec des géants comme Deutsche Post DHL.
Il espère que la révision de l'Obligation de service universel (USO) permettra de réduire les coûts de livraison, offrant ainsi une bouffée d'air frais à Royal Mail. Kretinsky a promis de respecter l'USO tout en plaidant pour des changements nécessaires à sa viabilité.
Les syndicats, bien que méfiants, espèrent que Kretinsky apportera des investissements nécessaires à Royal Mail. Il a fait des engagements temporaires pour protéger les emplois et les pensions, ce qui a rassuré certaines parties prenantes. Les dirigeants syndicaux estiment qu'une direction sous Kretinsky pourrait être meilleure que la situation actuelle.
Royal Mail doit encore faire face à des défis importants, notamment en matière de modernisation et d'augmentation de sa part de marché dans le secteur des colis. Kretinsky s'engage à maintenir la marque et le siège social au Royaume-Uni pendant au moins cinq ans.
Alors que Royal Mail entre dans une nouvelle ère sous la direction de Daniel Kretinsky, les clients pourraient voir des changements significatifs. La fréquence des livraisons de lettres de deuxième classe pourrait diminuer, tandis que de nouveaux casiers Royal Mail pourraient apparaître dans les quartiers. Malgré les défis, l'avenir de Royal Mail pourrait être plus prometteur grâce à des investissements et des réformes nécessaires.