Dans certaines villes espagnoles, une tendance émerge : des groupes de curieux se rassemblent pour prendre des photos devant des yachts de grande taille. Cette scène cache un impact économique significatif pour les ports où ces navires accostent. Les yachts de luxe, bien que réservés à une élite, génèrent des revenus considérables pour les villes.
Selon une analyse d'Ocean Capital Partners (OCP), un seul mégayacht de 100 mètres peut générer jusqu'à 6,5 millions d'euros par an pour le port. Cela inclut également la création de 130 emplois par bateau, ce qui souligne l'importance économique de ces navires. Ignacio del Río, directeur d'OCP, explique que ces dépenses ne se limitent pas aux ports, mais s'étendent à l'écosystème local.
Les marinas ne se contentent plus de proposer des services de refit, mais élargissent leurs capacités pour répondre aux besoins de l'équipage des grands yachts. Ce personnel, souvent composé de 20 à 40 personnes, a un profil acquisitif élevé et ne suit pas le calendrier touristique classique.
OCP, en collaboration avec des entreprises comme Island Global Yachting, investit dans la rénovation de marinas à Malaga et Ibiza. Ils espèrent qu'à l'horizon 2033, la marina d'Ibiza générera un impact socio-économique de 30,4 millions d'euros, créant ainsi 315 emplois. Ces perspectives s'appuient sur des estimations du secteur, notamment celles de The Superyacht Group, qui prévoit une augmentation de la flotte mondiale de superyachts.
La demande pour les superyachts continue d'augmenter, avec des prévisions indiquant que le nombre de ces navires pourrait atteindre 7 000 d'ici 2032. Cela crée une opportunité économique pour les ports espagnols, qui doivent s'adapter pour attirer ces navires.
Le coût d'entretien d'un superyacht représente environ 10% de son prix d'achat. Les prix varient selon la taille, avec des yachts de 30 mètres coûtant environ 5 millions d'euros, tandis que ceux de plus de 100 mètres peuvent atteindre 240 millions d'euros. Ces investissements sont cruciaux pour les entreprises de refit, qui offrent des services de modernisation et de réparation.
Les entreprises du secteur s'adaptent également aux besoins de l'équipage, qui recherche des activités culturelles et sociales. Jordi Ariet, directeur général de MB92, souligne l'importance de répondre aux besoins des équipages, ce qui engendre des dépenses locales et un impact positif sur l'économie.
Malgré son potentiel, l'Espagne peine à attirer une part significative du marché des yachts. Actuellement, elle ne représente que 4,5% du trafic méditerranéen, loin derrière l'Italie et la France. Les contraintes fiscales, comme l'impôt sur la matriculation, dissuadent les propriétaires de yachts de choisir les ports espagnols.
Des investissements ont été réalisés pour moderniser les marinas, mais le secteur reste sous-exploité. Des villes comme Barcelone et Malaga disposent de l'infrastructure nécessaire pour accueillir de grands yachts, mais doivent encore rivaliser avec des destinations de luxe comme Monaco.
Le secteur des mégayachts en Espagne présente un potentiel de croissance important, mais des défis subsistent. L'importance d'attirer ces navires de luxe pourrait transformer l'économie locale, mais cela nécessite des adaptations et une meilleure stratégie fiscale. L'avenir du secteur dépendra de la capacité d'Espagne à se positionner comme une destination de choix pour les yachts de luxe.