
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a été reconnu coupable de chantage, d'association de malfaiteurs et de détournement de fonds publics. Cette décision a été rendue par le tribunal correctionnel de Lyon le 1er décembre. Malgré ses déclarations d'innocence, les juges ont été convaincus par les témoignages à charge de ses co-prévenus et un enregistrement compromettant.
Lors de son procès en septembre, les accusations portées contre lui étaient graves. Il était accusé d'avoir orchestré un chantage à l'égard de son ancien premier adjoint, Gilles Artigues. À 53 ans, Perdriau a été condamné à quatre ans de prison ferme et à cinq ans d'inéligibilité, avec exécution immédiate de la peine.
Peu après la décision, il a annoncé son intention de faire appel. La procureure, Audrey Quey, a décrit Perdriau comme le « décideur » de cette affaire, soulignant l'importance des faits qui justifiaient une peine sévère.
Gaël Perdriau a toujours nié avoir eu un rôle dans le kompromat. Son avocat, Me Jean-Félix Luciani, a plaidé pour son acquittement, affirmant qu'aucune preuve ne montrait qu'il avait donné son accord pour cette opération. Cette défense a été renforcée par le fait que l'élu n'a jamais démissionné malgré le scandale.
Les témoignages de ses co-prévenus ont cependant fragilisé sa position. Pierre Gauttieri, son ancien directeur de cabinet, a révélé que Perdriau avait demandé dès son élection en 2014 de « tenir en respect » Gilles Artigues, remettant ainsi en question son intégrité.
Les complices de Perdriau ont également joué un rôle crucial dans cette affaire. Ils ont reconnu avoir discuté de l'idée de piéger Artigues avec un escort-boy. Ce plan controversé a été élaboré en collaboration avec Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet, tous deux impliqués dans l'affaire.
Gauttieri a déclaré que Perdriau avait pris en charge le volet financier du piège, en votant des subventions à des associations qui ont ensuite reversé de l'argent à Rossary-Lenglet, un acteur clé de l'opération. Cela a soulevé de nombreuses questions sur l'utilisation des fonds publics.
Un enregistrement réalisé à l'insu de Gilles Artigues a constitué un élément clé du dossier. Dans cet enregistrement, Perdriau évoque une « clé USB » contenant des images compromettantes, menaçant de les diffuser. Ce témoignage a mis à mal sa défense, car il a été perçu comme une tentative de chantage.
Artigues, très affecté, a décrit sa situation en tant que victime de manipulation. Il a affirmé qu'il se sentait comme une marionnette, paralysé par la menace de Perdriau, ce qui a renforcé l'argumentation de la procureure.
La condamnation de Gaël Perdriau marque un tournant dans l'affaire de chantage à Saint-Étienne. Les témoignages et les preuves présentées ont conduit à une décision ferme du tribunal. L'avenir politique de Perdriau est désormais en jeu, alors qu'il envisage de faire appel de cette condamnation.