Le maire opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, a fait son apparition en justice vendredi, dans le cadre d'une série de procès le concernant. Des centaines de partisans se sont rassemblés devant la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, où l'audience a eu lieu. Imamoglu, figure de proue de l'opposition, a été arrêté en mars dernier.
Imamoglu est détenu à Silivri depuis le 23 mars. Les accusations portent sur des menaces envers un procureur public, faisant partie des six affaires qui ont précédé son arrestation, entraînant des manifestations à l'échelle nationale. Lors de l'audience, il a déclaré au juge qu'il se trouvait en cour parce qu'il avait remporté trois élections contre celui qui "pense posséder Istanbul", en référence au président Recep Tayyip Erdogan.
La séance a vu la présence de la femme et du fils d'Imamoglu, ainsi que de députés du Parti républicain du peuple (CHP). L'audience a été renvoyée au 16 juin. Le maire fait face à plus de sept ans de prison pour avoir prétendument menacé des personnes impliquées dans la lutte contre le terrorisme.
Les accusations contre Imamoglu, selon l'opposition, sont motivées par des raisons politiques. Il a été arrêté le 19 mars dans le cadre de deux enquêtes, l'une portant sur la corruption au sein de la municipalité d'Istanbul et l'autre sur des liens avec le terrorisme dans le cadre d'une alliance électorale avec des politiciens pro-kurdes.
Des manifestations pour demander sa libération ont conduit à l'arrestation d'environ 2 000 personnes lors de rassemblements interdits par les autorités. Les partisans d'Imamoglu ont défié l'interdiction de rassemblement public, ce qui a entraîné des affrontements avec la police.
Imamoglu a été officiellement désigné comme candidat à la présidence du CHP alors qu'il était en détention. Bien qu'une élection soit prévue pour 2028, elle pourrait avoir lieu plus tôt. Son emprisonnement est largement perçu comme étant politique, bien que le gouvernement affirme que la justice turque est indépendante.
Deux autres tribunaux à Istanbul ont également tenu des audiences concernant des affaires contre Imamoglu. L'une concerne des accusations de manipulation d'enchères datant de dix ans, et l'autre des collectes de dons illégales, révélées par une vidéo diffusée avant les élections locales de l'année dernière.
Imamoglu a déjà été contraint de participer à une élection répétée après que le parti au pouvoir a contesté les résultats de son premier vote en 2019. Cette décision avait provoqué l'indignation des électeurs, menant à sa victoire lors du second vote. La situation actuelle soulève des questions sur l'état de la démocratie en Turquie et sur les implications pour l'avenir politique du pays.
La situation d'Ekrem Imamoglu illustre les tensions croissantes en Turquie entre l'opposition et le gouvernement d'Erdogan. Alors que les audiences continuent, les implications de son emprisonnement pourraient avoir des répercussions significatives sur les prochaines élections et sur l'avenir de la démocratie dans le pays.