La demande de Trump pour que l'Inde achète du maïs américain soulève de nombreuses questions. Pourquoi l'Inde ne semble-t-elle pas encline à répondre à cette demande ? Cette situation met en lumière les défis et les enjeux du secteur agricole indien dans le contexte des relations commerciales avec les États-Unis.
Le secrétaire au Commerce américain, Howard Lutnick, a récemment critiqué les politiques commerciales de l'Inde, suggérant que le pays bloque l'accès des agriculteurs américains à son marché. Lutnick a appelé à une ouverture du marché agricole indien, évoquant des quotas comme solution possible.
Les tarifs douaniers sont au cœur de la guerre commerciale entre les États-Unis et l'Inde. Trump a qualifié l'Inde de "roi des tarifs" et a insisté sur le fait que l'accès au marché indien est crucial pour les agriculteurs américains. Cependant, l'Inde maintient des protections élevées pour ses agriculteurs, invoquant la sécurité alimentaire et le soutien aux petits exploitants.
La transformation de l'Inde, passée d'un pays en pénurie alimentaire à une puissance agricole, est impressionnante. Dans les années 1950 et 1960, l'Inde dépendait de l'aide alimentaire, mais des avancées agricoles ont changé cette réalité. Aujourd'hui, l'Inde est le premier producteur mondial de lait et un exportateur majeur de produits agricoles.
Malgré ces réussites, l'agriculture indienne fait face à des défis de productivité et d'accès au marché. Les rendements des cultures sont inférieurs à ceux des meilleurs producteurs mondiaux, et la taille des exploitations reste un problème majeur, avec des agriculteurs travaillant en moyenne sur moins d'un hectare.
La structure du secteur agricole indien crée des déséquilibres dans les politiques commerciales. Bien que l'Inde ait un surplus agricole, elle impose des tarifs élevés pour protéger ses agriculteurs des importations bon marché. Les tarifs sur les produits agricoles américains atteignent en moyenne 37,7 %, contre seulement 5,3 % pour les produits indiens aux États-Unis.
Ce déséquilibre est exacerbé par le fait que l'agriculture emploie près de la moitié de la main-d'œuvre indienne, mais ne représente que 15 % du PIB. Les agriculteurs indiens, souvent en difficulté, sont confrontés à des défis de financement et d'infrastructure, rendant leur situation encore plus précaire.
Les négociations commerciales entre l'Inde et les États-Unis sont compliquées par des intérêts divergents. Les experts soulignent que l'Inde doit naviguer entre les demandes américaines pour une ouverture du marché et la nécessité de protéger ses agriculteurs. La question des subventions américaines à l'agriculture crée également un terrain de jeu inégal.
Les manifestations des agriculteurs indiens en faveur de meilleurs prix et de garanties gouvernementales montrent que la situation est tendue. Les agriculteurs craignent que l'ouverture des marchés ne menace leur subsistance et la sécurité alimentaire du pays.
Pour l'Inde, il est crucial de ne pas céder à la pression des États-Unis concernant l'ouverture de son secteur agricole. Protéger les agriculteurs et la sécurité alimentaire doit rester une priorité. À long terme, l'Inde doit moderniser son agriculture pour accroître sa compétitivité et ses exportations. En fin de compte, la clé réside dans la capacité à négocier avec force tout en préservant les intérêts nationaux.