En novembre 2024, l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud a remporté le prestigieux prix Goncourt pour son roman « Houris ». Ce livre, qui explore les sombres années de la guerre civile algérienne à travers le récit d'une rescapée, a déjà séduit plus de 430 000 lecteurs. Cependant, peu après cette consécration, l'auteur a été confronté à des accusations graves.
Quelques jours après avoir reçu le prix, Kamel Daoud a été visé par deux plaintes en Algérie. Saâda Arbane, une jeune femme ayant survécu à cette période tragique, affirme que « Houris » s'inspire de ses confidences faites à sa psychiatre, qui est aussi l'épouse de l'écrivain.
Cette situation a pris une tournure plus sérieuse lorsque des mandats d'arrêt internationaux ont été émis contre lui. Ces informations ont été confirmées par la diplomatie française, qui suit l'évolution de cette affaire de près.
Selon l'avocate de Kamel Daoud, Jacqueline Laffont, les mandats d'arrêt pourraient avoir des motivations politiques. Elle souligne que ces procédures visent à réduire au silence un écrivain qui aborde des sujets sensibles liés aux massacres en Algérie.
Elle a également annoncé l'intention de déposer une requête pour contester la diffusion de ces mandats, qu'elle considère comme abusifs.
Le roman « Houris » aborde la décennie noire, une période de guerre civile en Algérie entre 1992 et 2002. Ce conflit a causé la mort de 60 000 à 150 000 personnes, opposant le gouvernement algérien à divers groupes islamistes et rebelles.
Une loi de réconciliation nationale a été votée en 2005, mais de nombreuses associations humanitaires, y compris Amnesty International, la critiquent, affirmant qu'elle assure l'impunité aux responsables des atrocités.
Trois semaines après la remise du prix, Saâda Arbane a accusé Kamel Daoud de lui avoir volé son histoire. Elle prétend que son récit de vie, marqué par la violence, est similaire à celui d'Aube, le personnage principal de « Houris ».
Les avocats de Saâda affirment qu'il existe des similitudes frappantes entre les deux récits, et que la jeune femme avait partagé des détails intimes avec sa psychiatre, l'épouse de l'auteur.
Kamel Daoud a fermement démenti ces accusations, affirmant que son œuvre est une fiction inspirée de ses expériences en tant que journaliste. Il souligne qu'il a interviewé de nombreuses personnes durant la décennie noire, et que son roman ne fait pas référence à la vie de Saâda Arbane.
Il a également été assigné en justice en France, où la jeune femme réclame 200 000 euros de dommages et intérêts. La justice devra maintenant examiner les implications de la vie privée dans le contexte littéraire.
Cette affaire autour de Kamel Daoud et de son roman « Houris » soulève des questions complexes sur la liberté d'expression et le respect de la vie privée. Alors que l'écrivain fait face à des accusations graves, la tension entre la France et l'Algérie s'intensifie, illustrant les défis auxquels sont confrontés les artistes dans des contextes politiques délicats.