Une médecin polonaise, Gizela Jagielska, a exprimé ses craintes pour la sécurité de ses patients après avoir été ciblée par des militants anti-avortement. Elle a reçu des milliers de menaces de mort en raison de son travail d'administration d'avortements légaux dans un hôpital à Olesnica, dans le sud-ouest de la Pologne.
Le 17 avril, un groupe d'activistes dirigé par le député européen Grzegorz Braun a empêché Dr Jagielska de quitter son bureau et a tenté de procéder à une arrestation citoyenne. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent également les militants en train de prier.
Dr Jagielska a déclaré : "Braun répétait sans cesse que j'étais une meurtrière, et que la police devait m'arrêter comme je suis une personne dangereuse." Elle a également mentionné avoir été poussée et bloquée dans son bureau. Bien que la police ait été appelée, les agents n'ont pas arrêté les activistes en raison de l'immunité de Braun.
Un porte-parole du ministère de l'Intérieur polonais a affirmé que la police avait pris des mesures pour assurer la sécurité de l'hôpital et de la médecin. Depuis cet incident, Dr Jagielska a été inondée d'abus, et l'hôpital a même reçu une menace de bombe.
Dr Jagielska a déclaré avoir reçu de nombreux messages sur les réseaux sociaux, y compris des images la représentant couverte de sang avec le mot "meurtrière". Certains individus ont même voulu se rassembler devant son domicile. Elle a indiqué que la police enquête sur ces menaces et lui a fourni des numéros spéciaux à contacter en cas d'urgence.
Elle a exprimé son inquiétude pour la sécurité des patients ayant des avortements, soulignant que la situation est dangereuse pour eux également. La confrontation à l'hôpital a été déclenchée par le cas d'une femme ayant subi un avortement légal tardif en raison d'une anomalie fœtale sévère.
La Pologne a l'une des législations sur l'avortement les plus strictes d'Europe, n'autorisant la procédure qu'en cas de viol, d'inceste ou si la vie de la mère est en danger. La coalition du Premier ministre Donald Tusk, arrivée au pouvoir fin 2023, a promis de libéraliser les lois sur l'avortement, mais des désaccords internes ont entravé ses efforts.
La rhétorique autour de ce sujet sensible est devenue plus intense ces dernières semaines, en pleine campagne électorale présidentielle. Braun, qui a instigué l'attaque contre Dr Jagielska, est l'un des candidats à la présidence, mais il ne recueille que 2 % des voix dans les sondages.
Lors d'un débat télévisé, Braun a fait plusieurs remarques antisémites et a été expulsé du parlement polonais en 2023 pour avoir utilisé un extincteur sur des bougies de Hanoukka. Deux des trois principaux candidats à l'élection, Karol Nawrocki et Slawomir Mentzen, se sont prononcés contre l'avortement, le dernier ayant récemment suscité la controverse en déclarant que l'avortement devrait être illégal dans tous les cas.
En revanche, le candidat libéral Rafal Trzaskowski a promis une réforme de l'avortement. La semaine dernière, le président Andrzej Duda a qualifié le cas controversé à l'hôpital d'Olesnica de "barbare" et "meurtre".
Dr Jagielska a souligné que l'intimidation des professionnels de santé qui pratiquent des avortements en Pologne est courante. Elle a qualifié les déclarations de Duda d'"inappropriées" et a affirmé : "Je ne me sens pas comme une meurtrière, mais comme une obstétricienne qui fournit des soins appropriés aux femmes."
La situation actuelle met en lumière les défis auxquels sont confrontés les médecins en Pologne, en particulier ceux qui travaillent dans le domaine de la santé reproductive. La sécurité des patients et des professionnels est mise à mal dans un climat de tensions croissantes autour de la question de l'avortement.
La situation de Dr Gizela Jagielska illustre les dangers auxquels font face les médecins en Pologne en raison des lois strictes sur l'avortement et de l'activisme anti-avortement. La nécessité d'un dialogue ouvert et de réformes législatives est plus pressante que jamais pour garantir la sécurité des patients et des professionnels de santé.