
Des milliers de médecins, d'étudiants en médecine et de soutiens ont envahi le Centre Bell dimanche pour exiger que le gouvernement du Québec suspende le projet de loi 2. Cette loi lie une partie de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance, comme le nombre de patients traités ou d'opérations effectuées.
Les organisateurs affirment que 12 500 billets ont été distribués pour le rassemblement. Le projet de loi controversé a été adopté à l'Assemblée nationale le mois dernier, après que le gouvernement de François Legault a invoqué la fermeture.
Selon la nouvelle loi, les médecins participant à des actions concertées ou à des tactiques de pression risquent des amendes sévères. La réaction à cette législation a été immédiate, avec des fédérations représentant les médecins généralistes et spécialistes du Québec lançant des défis juridiques.
Le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), a déclaré qu'il n'avait jamais vu une mobilisation de cette ampleur. Il a souligné que la loi actuelle est la plus mauvaise qu'il ait jamais rencontrée en 33 ans de pratique.
Le gouvernement affirme que l'objectif des cibles de performance est d'encourager les médecins à voir plus de patients, ce qui, selon Legault, bénéficiera aux 1,5 million de Québécois sans médecin de famille. Cependant, Amyot a averti que lier la compensation à des indicateurs de volume est dangereux.
Il a ajouté que les patients paient déjà le prix, avec de nombreux médecins commençant à envisager de pratiquer dans d'autres provinces ou de prendre une retraite anticipée. "C'est une catastrophe", a-t-il déclaré.
Maxence Pelletier-Lebrun, président de la Fédération médicale étudiante du Québec, a convenu que la nouvelle loi affectera les soins aux patients. Il a expliqué que le gouvernement promeut un idéal où les médecins doivent travailler rapidement, ce qui n'est pas toujours possible dans des situations d'urgence.
Dr Vincent Oliva, président de la fédération des spécialistes médicaux, a souligné que le problème n'est pas les cibles de performance, mais le manque de ressources pour atteindre ces objectifs. "Nous avons besoin de ressources pour traiter nos patients", a-t-il insisté.
Plus tôt dans la semaine, le gouvernement du Québec a annoncé la suspension de deux mesures de la loi 2, espérant convaincre les fédérations de médecins de revenir à la table des négociations. Cependant, Oliva et Amyot ont déclaré que cela ne se produira pas tant que la loi n'est pas suspendue.
Ils ont exprimé le souhait d'améliorer l'accès aux soins et de reprendre les discussions, mais sans la loi actuelle. Ils affirment que cette législation enfreint les libertés fondamentales des médecins et crée un climat de méfiance.
Les partis d'opposition à l'Assemblée nationale ont critiqué la législation, tandis que Québec Solidaire a soutenu les fédérations médicales en demandant son retrait. La loi a également provoqué des turbulences au sein de la Coalition Avenir Québec, avec des démissions au sein du caucus.
Dans une déclaration écrite, un porte-parole du ministre de la Santé, Christian Dubé, a reconnu que les médecins souhaitent exprimer leurs préoccupations et a confirmé que les changements proposés sont "significatifs". Le gouvernement s'engage à améliorer l'accès aux soins pour toute la population du Québec.
Le rassemblement au Centre Bell témoigne d'une forte opposition à la loi 2 et des préoccupations croissantes des médecins. Les discussions sur les conditions de travail et la rémunération des médecins sont plus que jamais d'actualité. L'avenir des soins de santé au Québec dépendra de la capacité du gouvernement à écouter et à répondre aux besoins de ses médecins.