Avec un patrimoine estimé à plus de 16 milliards de dollars selon Forbes en 2020, Souleïman Kerimov est l’un des hommes les plus riches de Russie. Le ministère de l’Économie et des Finances a été perquisitionné jeudi à Paris, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment immobilier. Cette information a été confirmée par le parquet, suite à une enquête sur cet oligarque qui dure depuis plusieurs années.
L’affaire a débuté à Nice en 2014, lorsqu'une planque de la brigade des stupéfiants a détecté des mouvements suspects d’argent liquide. Ces investigations ont rapidement conduit à Kerimov, notamment en lien avec l’achat en 2008 de la villa « Hier » à Antibes, pour un montant sous-évalué de 35 millions d’euros, alors que le prix réel était de 127 millions selon les enquêteurs.
De nombreux acteurs locaux, y compris des notaires et des agents immobiliers, ont été mis en examen. Certains d'entre eux le sont encore aujourd'hui, témoignant de la complexité de cette affaire.
Les perquisitions menées visent à éclaircir le dispositif fiscal entourant des villas de luxe sur la Côte d’Azur. Le montant des enjeux est estimé à plus de 38 millions d’euros, avec des villas déclarées sous des prête-noms pour dissimuler le véritable propriétaire, de nationalité russe. Ces éléments soulignent la gravité des accusations pesant sur Kerimov.
La perquisition a eu lieu au siège de la direction générale des finances publiques, et l’information judiciaire est instruite par la Juridiction nationale chargée des affaires de criminalité organisée (Junalco).
Selon l’avocat de Kerimov, la négociation fiscale avec l’administration française a impliqué une restructuration. Cela a permis le rachat des villas par des sociétés appartenant à sa fille, Gulnara Kerimova. Cette dernière paie depuis lors une somme annuelle supérieure à 4 millions d’euros d’impôts sur la fortune immobilière.
Les investigations ont été relancées en 2022, ce qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’affaire. Kerimov, originaire du Daguestan, figure sur la liste des personnes sous sanctions de l’Union européenne.
En novembre 2017, l’arrestation de Kerimov à Nice a suscité des critiques de Moscou. À cette époque, le parquet estimait que l’argent clandestin entré en France se situait entre 500 millions et 750 millions d’euros. Bien que ses avocats aient réussi à faire annuler sa mise en examen, la situation demeure délicate.
En août 2022, le parquet de Nice a confirmé avoir reçu un signalement Tracfin à son sujet, ce qui pourrait relancer des investigations. Le contexte politique et économique autour de cette affaire reste tendu, surtout avec les sanctions imposées suite à l’offensive russe en Ukraine.
En somme, l'affaire Souleïman Kerimov illustre les enjeux complexes du blanchiment immobilier et des sanctions internationales. Les perquisitions récentes et les enquêtes en cours soulignent l'importance de la transparence financière. Cette situation pourrait avoir des conséquences durables sur les relations entre la France et la Russie.