
En été 2015, Santos Cerdán et Koldo García étaient les « yeux et les oreilles » d'un projet minier prometteur en Navarre. Ce projet, centré sur des veines de potasse, était situé à la frontière de la communauté forale avec l'Aragon. Ils étaient convaincus que la Mina Muga pourrait transformer Navarre en une puissance minière.
Mina Muga représentait un rêve doré pour Cerdán, García et leur associé Antxon Alonso Egurrola. Ce projet visait à extraire jusqu'à 1,5 million de tonnes de potasse par an pour la fabrication de fertilisants agricoles. Cerdán et García ont compris l'ampleur de cette opportunité lorsqu'ils ont reçu un courriel de Pedro Rodríguez, affirmant qu'ils étaient les seuls capables de mener à bien ce projet.
Le dernier rapport de l'Unité Centrale Opérationnelle (UCO) révèle les fondements de la corruption en Navarre, orchestrée par Cerdán. À partir de 2018, ce réseau s'est étendu à travers l'Espagne et même vers l'Afrique. La naissance de la corruption a été officialisée le 16 septembre 2015 avec un accord entre Alonso et Justo Pelegrini, un cadre d'Acciona.
Acciona a joué un rôle clé dans l'attribution irrégulière de contrats à Acciona et à Servinabar. La UCO a même mentionné Juan Ignacio Entrecanales, vice-président d'Acciona, qui a assisté à une réunion cruciale en octobre 2015. Ce contexte a favorisé la déclaration d'impact environnemental positive pour le projet de la mine, signée peu après la création de Servinabar.
Le document trouvé par la UCO dans les bureaux de Servinabar a renforcé la confiance d'Acciona envers cette nouvelle entreprise. Il affirmait que Servinabar avait une bonne implantation en Navarre, ce qui lui permettait d'accéder à des opportunités commerciales.
Dès lors, Cerdán, García et Alonso ont mobilisé toutes leurs relations politiques et économiques pour tirer profit d'un projet qui, à l'automne 2015, n'avait que des permis de recherche. En mai 2019, un miracle s'est produit avec l'obtention de la Déclaration d'Impact Environnemental favorable, signée par Javier Cachón de Mesa.
Les « yeux et oreilles » ont commencé à percevoir des bénéfices en 2017, lorsque Servinabar a été engagée par Acciona pour un montant de 2,8 millions d'euros pour élaborer le plan de sécurité de la Mina Muga. Alonso a utilisé sa proximité avec la présidente de Navarre, Uxue Barkos, pour faire avancer le projet.
En 2018, Cerdán et Koldo ont exercé des pressions sur le PSOE d'Aragon pour que le municipalité de Remolinos accepte un « mont de sel » généré par les déchets de la mine. Ils ont contacté le leader du PSOE, Javier Lambán, et le président de la Députation de Saragosse, Juan Antonio Sánchez Quero.
Les démarches administratives ont inclus plusieurs réunions avec des responsables politiques. Pendant ce temps, Highfield Resources, propriétaire de Geolcali, a sécurisé un soutien financier de 260 millions en Chine, ajoutant aux 320,6 millions de crédits bancaires.
Le projet a commencé à s'effondrer lorsque le Tribunal Supérieur de Justice de Navarre a annulé un des permis en octobre 2024. L'enquête de la UCO et la suspension des démarches administratives ont gravement affecté la Mina Muga. Selon des sources de l'entreprise, des investissements de 150 millions d'euros avaient déjà été réalisés.
La mise en œuvre de ce projet aurait pu générer 7 000 emplois directs et indirects. Geolcali soutient que le projet reste stratégique pour réduire la dépendance à la potasse russe et biélorusse, en promouvant une production nationale essentielle.
La saga de la Mina Muga révèle les enjeux complexes entre politique, corruption et exploitation minière. Alors que les rêves de richesse se sont heurtés à des réalités juridiques, l'avenir du projet demeure incertain. La lutte pour la potasse en Navarre souligne l'importance de la transparence et de l'intégrité dans les affaires publiques.