La vie n'est pas simplement ce que l'on a vécu, mais plutôt ce que l'on se rappelle. Cette idée, exprimée par Gabriel García Márquez, souligne la subjectivité de la mémoire, influencée par nos émotions. Contrairement à nous, l'IA ne ressent pas, mais son impact sur l'économie est indéniable. Elle est passée d'un simple outil d'automatisation à un puissant moteur de transformation du marché.
Elon Musk, avec son annonce de Grok-3, illustre bien cette dynamique. Les opportunités de transformation et de manipulation coexistent dans un environnement en pleine expansion. Nous devons nous interroger : cette technologie peut-elle servir le bien commun ou accélérera-t-elle la perte de notre identité et de nos préférences sociales ?
Un jour, nous pourrions demander à l'IA : "Espejito, espejito, qui est le plus beau ?" et recevoir la réponse : "Elon, bien sûr." Cette situation pourrait sembler absurde, mais elle illustre les risques de l'IA. En effet, elle redéfinit non seulement les processus, mais aussi la structure des incitations et la distribution de valeur dans l'économie.
Actuellement, quatre entreprises contrôlent 90 % de l'infrastructure mondiale de l'IA. Microsoft et OpenAI ont formé une alliance, laissant la concurrence en difficulté. Google, avec son projet Gemini, tente de rester pertinent, tandis que Meta mise sur des modèles ouverts. Apple, quant à elle, attend son heure.
Ce qui semble être un écosystème innovant s'apparente à un oligopole, où l'accès à l'IA est conditionné par le paiement. La société chinoise Deepseek apporte une lueur d'espoir, en promouvant une concurrence fondée sur le talent, sans nécessiter de ressources excessives.
L'Europe s'efforce de rétablir l'équilibre à sa manière, en introduisant des régulations. La Loi sur l'IA interdit le scrutin social et exige de la transparence. Cependant, la question cruciale est de savoir comment appliquer ces normes sans renforcer le pouvoir des grandes entreprises.
Un cadre réglementaire que seules les entreprises technologiques peuvent respecter agit comme un blindage contre la concurrence. Pour éviter que l'IA ne nous renvoie un reflet déformé, il est essentiel de promouvoir un écosystème pluraliste.
Premièrement, il est crucial d'investir dans des modèles propres et de favoriser l'interopérabilité. Deuxièmement, il faut établir des audits des systèmes d'IA. La transparence doit être accompagnée de vérifications indépendantes, surtout dans des secteurs critiques comme la santé et le crédit.
Troisièmement, encourager la concurrence est indispensable. Enfin, il est vital d'éduquer à l'autonomie numérique. La littératie numérique n'est pas une option, mais une nécessité pour mieux comprendre les algorithmes et leur impact sur nos vies.
L'intelligence artificielle représente un outil aux possibilités immenses, tant pour le progrès économique que pour la concentration du pouvoir. Il ne s'agit pas de choisir entre son adoption ou son rejet, mais de construire un modèle où son développement profite au plus grand nombre.
Nous avons le choix : accepter que l'IA nous renvoie une image manipulée de l'économie ou traverser le miroir pour décider de la réalité que nous souhaitons construire. Les miroirs peuvent être merveilleux lorsqu'ils nous renvoient notre véritable image, mais parfois, les yeux peuvent remplacer le verre et l'aluminium.