Dans la région autonome de Gagauzia, en Moldavie, peu de politiciens auraient osé relever un tel défi. Proposer de renommer la principale avenue de la ville et de déplacer la statue de Vladimir Lénine est une entreprise risquée. Ce projet s'oppose aux autorités locales, connues pour leur proximité avec Moscou, et à une partie de la population gagaouze qui exprime sa nostalgie pour l'Union Soviétique.
Serghei Aanastasov se distingue dans ce contexte. Malgré son opposition déclarée aux partis pro-russes, il a remporté à trois reprises les élections municipales de la principale ville gagaouze. "Ici, l'anticristo, Ilan Shor, achète des voix. Avec moi, cela n'a pas fonctionné", déclare-t-il après avoir voté. Aanastasov souligne que ces élections sont cruciales et qu'il ne faut pas tourner le dos à l'Europe.
Il reconnaît que le soutien aux partis pro-européens pourrait ne pas dépasser 10% des voix à Gagauzia. "Lors du référendum, ils n'ont obtenu que 5%. Cela serait déjà un progrès", ajoute-t-il, faisant preuve d'un optimisme qui semble presque naïf.
Les élections législatives de Moldavie ont vu un clivage entre les partisans de l'intégration européenne et ceux qui préfèrent l'alignement avec Moscou. Les premiers résultats indiquaient que le Parti Action et Solidarité (PAS) avait perdu sa majorité absolue au Congrès. La participation a atteint environ 52%, un chiffre proche des précédentes élections présidentielles.
Après le vote, Igor Dodon a appelé à une manifestation, affirmant que le PAS prévoyait d'annuler les résultats. Ses déclarations ont intensifié les tensions, surtout après un cyberattaque massive qui a ciblé des sites officiels, y compris la Commission Électorale Centrale.
Les relations entre Gagauzia et le gouvernement central se sont détériorées, surtout depuis l'arrivée au pouvoir de Maia Sandu. Des figures comme Konstantin Tausanci, ancien leader gagaouze, expriment leur désillusion. "Le seul pays qui investit ici est la Turquie", souligne-t-il, regrettant la perte de la langue gagaouze au profit du russe.
Les accusations de corruption et de manipulation électorale sont fréquentes. Dmitrii Constantinov, président du parlement autonome, dénonce des élections "très sales". Les électeurs expriment leur mécontentement face à la répression des voix gagaouzes et aux arrestations de leaders politiques.
La situation à Gagauzia illustre les défis complexes auxquels fait face la Moldavie. Les tensions entre les aspirations pro-européennes et les sentiments pro-russes créent un climat d'incertitude. Avec un passé chargé et des enjeux actuels, l'avenir de cette région autonome reste incertain.