
Le nouveau musée impressionnant du Nigeria, le Museum of West African Art (Mowaa), est devenu le centre d'une controverse politique locale. Initialement prévu pour ouvrir ses portes au public, le musée a rencontré des obstacles inattendus, ce qui a suscité des tensions et des manifestations. Ce projet ambitieux, qui vise à célébrer la créativité de la région, se retrouve maintenant au cœur d'un débat houleux.
Situé dans le centre de Benin City, le Mowaa s'étend sur six hectares et a été conçu par l'architecte britannique-ghanéen Sir David Adjaye. Ce musée a pour but de mettre en valeur le riche héritage culturel de la région, notamment les célèbres Bronzes de Benin, des œuvres d'art pillées au 19ème siècle. Après cinq ans de travaux, le musée a été conçu pour rivaliser avec d'autres institutions artistiques de renommée mondiale.
Les préparatifs pour l'ouverture étaient en cours, avec des conservateurs qui déballaient soigneusement les œuvres d'art et des techniciens ajustant les systèmes de contrôle climatique. Le directeur exécutif, Phillip Ihenacho, a exprimé son souhait de faire de Benin City une destination culturelle, espérant créer des milliers d'emplois et contribuer à l'économie créative de la région.
Malheureusement, le gouvernement local a annulé l'utilisation du terrain sur lequel le musée a été construit, provoquant une réaction immédiate. Des manifestants ont exigé que le musée soit rebaptisé Musée Royal de Benin et ont exprimé leur mécontentement face à la gestion actuelle. Ce climat de tension a conduit à une intervention du président Bola Tinubu, qui a mis en place un comité pour tenter de résoudre la crise.
Cette situation s'explique en partie par des rivalités internes au sein de l'État d'Edo, où l'ancien gouverneur, Godwin Obaseki, était un fervent défenseur du musée. Le nouveau gouverneur, proche du roi traditionnel, souhaite avoir plus de contrôle sur le projet, ce qui complique davantage les relations.
Les Bronzes de Benin, qui sont des sculptures en laiton, ivoire et bois, sont au cœur de la discussion sur la restitution. Bien que le musée soit sur le point d'ouvrir, ces œuvres emblématiques seront absentes, car leur retour reste un sujet délicat. Des milliers de bronzes sont dispersés dans des musées à travers le monde, et leur restitution est un débat passionné dans le monde de l'art.
Le musée espérait devenir un lieu où ces bronzes pourraient être exposés, mais la question de leur propriété et de leur conservation complique la situation. La déclaration du gouvernement fédéral affirmant que le roi serait le gardien des bronzes retournés a exacerbé les tensions entre le musée et le palais royal.
Malgré ces défis, le Mowaa aspire à être un havre pour la créativité contemporaine en Afrique. Phillip Ihenacho souhaite que le musée soit un espace pour des disciplines variées, telles que le cinéma, la photographie et la mode, et non seulement pour l'art visuel. Il espère inspirer les artistes locaux et créer un écosystème dynamique pour la créativité en Afrique de l'Ouest.
Les artistes et les étudiants de la région voient déjà le musée comme un centre de collaboration et d'innovation. Bien que la conversation sur la restitution des bronzes soit importante, il est essentiel de ne pas perdre de vue l'objectif de soutenir la créativité contemporaine et de redéfinir ce qu'un musée africain moderne peut être.
Le Museum of West African Art a le potentiel de devenir une institution culturelle majeure, mais il doit naviguer à travers des défis politiques et sociaux complexes. La résolution de ces tensions pourrait non seulement influencer l'avenir du musée, mais aussi avoir des répercussions sur la manière dont l'Afrique aborde la restitution de son patrimoine culturel. L'engagement envers la créativité et la culture reste au cœur de cette initiative.