Les Museos Estatales du Ministère de la Culture, gérés par la Direction Générale du Patrimoine Culturel et des Beaux-Arts, ont récemment publié une lettre d'engagement concernant le traitement éthique des restes humains. Cette initiative vise à retirer ces restes de leurs salles d'exposition, y compris la célèbre momie guanche du Musée Archéologique National.
Selon des sources du ministère, cette décision découle d'un rapport technique sur le traitement des restes humains dans les musées d'État. Ce rapport a été commandé par Ernest Urtasun à son arrivée. Les institutions ont commencé à appliquer les recommandations de ce rapport au cours des dernières semaines.
La démarche vise à répondre à l'évolution des collections muséales, en accord avec le Code Déontologique du Conseil International des Musées (ICOM). Cela reflète une prise de conscience croissante des enjeux éthiques liés à la conservation des restes humains.
La lettre d'engagement se présente comme un document de bonnes pratiques. Elle souligne l'évolution de la perception des restes humains, qui passent d'objets « exclusifs » à des vestiges de personnes décédées, séparées de leur contexte d'origine.
Les restes humains sont définis comme tous les éléments physiques attribuables à l'espèce Homo sapiens. Cela inclut des corps complets ou des parties, qu'ils soient transformés ou conservés. Toutefois, les cheveux, ongles et dents, qui peuvent être identifiés comme ayant été donnés librement, sont exclus.
Les musées s'engagent à ne pas exposer publiquement les restes humains, sauf si cela est jugé indispensable pour transmettre un savoir. Dans ces cas, une attention particulière sera portée à la documentation et au contexte des objets exposés.
De plus, tout traitement de conservation et de restauration respectera les principes de minimum d'intervention et de réversibilité. Les interventions doivent être justifiées, évitant toute contamination des restes humains.
La lettre précise que la manipulation des restes humains se fera en respectant les mesures de sécurité pour protéger le personnel et toute personne ayant accès. Chaque recherche devra être autorisée par le musée avec une demande dûment justifiée.
Un soin particulier sera apporté pour éviter les duplications d'études similaires sur les mêmes restes. Tous les projets de recherche devront respecter le contenu de cette lettre d'engagement.
La momie guanche, retirée ce lundi, était exposée au MAN depuis 2015. Elle est unique en raison de son état de conservation et provient du barranco de Erques à Tenerife. La porte-parole de la Coalition Canarienne a demandé au gouvernement espagnol de clarifier ses intentions concernant la décolonisation culturelle à l'égard des îles Canaries.
Les sources du ministère ont indiqué que la momie guanche sera désormais conservée dans les entrepôts du musée. D'autres institutions, comme le Musée d'Amérique, ont également retiré des restes humains.
Cette initiative des Museos Estatales marque un tournant dans la gestion des restes humains dans les musées. Elle souligne l'importance d'un traitement éthique et respectueux, en phase avec les valeurs contemporaines. Le retrait de la momie guanche et d'autres restes humains témoigne d'une volonté d'adapter les pratiques muséales aux exigences éthiques actuelles.