Le ministère des Transports, dirigé par Óscar Puente, prépare le lancement d'un système de surveillance maritime. Ce système a pour objectif de détecter et d'anticiper les déviations des navires vers les ports africains, au détriment des principaux ports espagnols. Cette initiative vise à éviter un autre incident similaire à celui de Maersk.
En janvier, la compagnie danoise Maersk a annoncé qu'elle ne s'arrêterait plus au port d'Algeciras, mais à Tanger. Cette décision est liée à l'application de nouvelles taxes européennes sur le CO2, que les grandes compagnies maritimes devront désormais payer. Ce changement a suscité des inquiétudes quant à la compétitivité des ports espagnols, en particulier ceux du sud.
Óscar Puente a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations concernant l'impact environnemental sur les ports. En avril 2024, il a abordé ce sujet avec ses homologues européens, et en janvier dernier, il a rencontré le secrétaire général de l'Organisation Maritime Internationale, Arsenio Domínguez, pour réitérer ses préoccupations. Son intention est de pousser la Commission européenne à élaborer des mesures proactives pour faire face aux déviations de route.
Parmi les propositions de Puente, il y a celle de demander à la Commission de concevoir des mesures pour signaler les déviations de route. Cela permettrait d'envoyer un message clair au marché. De plus, il souhaite évaluer les risques du nouveau cadre environnemental pour anticiper ses effets potentiellement déstabilisants.
Actuellement, les mesures adoptées par Bruxelles laissent le ministère insatisfait. Il critique le mécanisme de suivi proposé, le qualifiant de « réactif » plutôt que « proactif ». Selon lui, cela rend les mesures « totalement inefficaces », car elles ne certifient que les changements de route déjà réalisés, rendant difficile leur récupération.
Le modèle que prépare le ministère des Transports inclut non seulement la vigilance, mais aussi la prédiction et la simulation de scénarios. Cela permettra aux autorités nationales d'agir avant que les déviations de trafic ne soient mises en œuvre. Les conclusions de cette initiative serviront également à défendre les intérêts espagnols auprès de la Commission européenne.
Le nouveau cadre environnemental de l'UE touche les grandes compagnies maritimes, mais aussi des acteurs nationaux comme Balearia et Naviera Armas. Les ports espagnols les plus menacés de pertes de trafic sont Algeciras, Las Palmas, Barcelone et Valence pour le segment des conteneurs.
Cette année, deux changements réglementaires visent à réduire les émissions des compagnies maritimes. Le 31 décembre 2025 marquera la fin de la période transitoire pour le Mécanisme de Ajustement à la Frontière pour le Carbone (CBAM). Ce mécanisme impose un prix sur le carbone émis lors de la production de biens entrant dans l'UE.
Les compagnies doivent fournir des certificats de paiement dont le coût sera basé sur les prix du CO2. En cas de non-respect, des sanctions sont prévues, allant jusqu'à l'immobilisation des navires. De plus, la fin de l'attribution gratuite des droits d'émission pour le transport maritime a été approuvée, ce qui pourrait accroître la pression sur les compagnies.
En résumé, le ministère des Transports met en place un système de surveillance maritime pour contrer les déviations de route des navires. Cette initiative vise à protéger les ports espagnols face aux nouvelles réglementations environnementales. La mise en œuvre de ces mesures est cruciale pour maintenir la compétitivité des ports face à la concurrence internationale.