Parfois, la négociation de la paix est aussi longue que le conflit lui-même. Les discussions pour mettre fin à la guerre du Vietnam ont duré quatre ans, tandis que celles de la guerre de Corée ont pris deux ans, sans conclusion officielle. Les conflits des Balkans et d'Afghanistan ont également nécessité trois ans de pourparlers. Ce processus est souvent compliqué et jalonné de rebondissements.
Une fois un accord signé, il reste à imposer sa mise en œuvre sur le terrain. Malheureusement, il est rare que toutes les parties respectent leur part de l'accord à 100 %. Actuellement, les pourparlers entre l'Ukraine et la Russie, sous l'égide de Donald Trump, en sont à leurs débuts et rencontrent déjà d'énormes difficultés.
L'administration Trump semble avoir pris parti pour la Russie, sans exiger quoi que ce soit en retour. Les concessions territoriales demandées par Moscou sont déjà considérées comme un fait établi sur la table des négociations. En revanche, l'Ukraine est souvent décrite comme celle qui refuse de négocier, alors que les Ukrainiens aspirent à la paix.
Le président russe, Vladimir Poutine, aurait pu mettre fin à la guerre à tout moment en retirant ses troupes d'Ukraine. Cependant, il ne le fait pas, car son objectif n'est pas la paix, mais la victoire. La rhétorique entourant cette situation a déjà désigné Poutine comme le « bon » et Zelenski comme le « mauvais » dans ce conflit, ce qui déforme la réalité et rend la situation encore plus difficile.
Les demandes de la Russie vont au-delà de l'Ukraine et touchent toute l'Europe. Moscou a clairement indiqué qu'il ne négocierait que sur des points spécifiques : le retrait des troupes de l'OTAN des pays de l'Est, ainsi qu'un engagement à ne pas déployer de missiles à portée intermédiaire près de ses frontières. De plus, la Russie exige la reconnaissance de l'annexion de la Crimée et d'autres territoires occupés.
La neutralité de l'Ukraine et le désarmement de son armée sont également des conditions posées par Moscou. En janvier 2022, accepter de telles exigences semblait impensable, mais avec Trump en position de force, ces demandes pourraient revenir sur la table.
Si Poutine suit cette feuille de route, plusieurs scénarios pourraient se dessiner. Premièrement, un conflit inévitable entre les États-Unis et l'Europe concernant les exigences russes pourrait survenir. Deuxièmement, un affrontement direct entre Trump et Poutine pourrait se produire, surtout si une force de paix européenne est envisagée. Troisièmement, les négociations pourraient échouer si l'Ukraine refuse de capituler, entraînant une prolongation du conflit.
Kaja Kallas, haute représentante de l'UE, a décrit la tactique de négociation russe comme étant basée sur des exigences irréalistes. Max M. Kampelman, négociateur des traités d'armement, a souligné l'importance de rester à la table de négociation plus longtemps que les Russes. Henry Kissinger a également noté que les Russes cherchent à projeter de la force plutôt qu'à trouver des compromis dès le départ.
Le chemin vers la paix semble encore long et semé d'embûches. Si Trump a hâte de voir des résultats, Poutine, lui, semble prêt à s'engager dans une stratégie à long terme. Les enjeux sont élevés, et chaque décision prise pourrait avoir des répercussions majeures sur l'avenir de la région.