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L'Absence Européenne Dans Les Négociations Avec L'Iran Comme Métaphore

Publié le : 31 mai 2025

Introduction

Le 23 mai 2025, à Pékin, j'ai assisté au 11ème Forum annuel sur la Chine et la mondialisation, organisé par le Center for China and Globalization. J'y ai participé en tant que voix européenne lors du panel intitulé "Ambitions nucléaires au Moyen-Orient : accord avec l'Iran ou pas d'accord". Cette rencontre a rassemblé des experts de renom, dont Mohammad Javad Zarif, ancien ministre des Affaires étrangères d'Iran.

Le rôle de Mohammad Javad Zarif

Mohammad Javad Zarif a été un acteur clé dans la négociation du Plan d'action global commun (JCPOA) de 2015. Ce plan a établi des limites sur les ambitions nucléaires de l'Iran. En tant que défenseur du programme nucléaire civil, il a affirmé le droit "irrenonçable" de l'Iran à développer son programme, y compris l'enrichissement d'uranium.

Bien que respecté sur la scène internationale, Zarif a fait face à des critiques internes pour son ouverture au dialogue avec l'Occident. Il a quitté le gouvernement en 2021, mais ses idées continuent d'influencer les discussions actuelles, notamment celles dirigées par Abbas Araghchi.

Mon expérience personnelle

Ma perspective sur l'évolution de l'importance européenne est façonnée par plus de vingt ans d'expérience directe. En tant que ministre des Affaires étrangères d'Espagne, j'ai facilité la visite officielle du président Khatami à Madrid en 2002. J'ai également participé aux débats lors que l'Espagne était membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU en 2003-2004.

En observant les sanctions au sein de la Banque mondiale, j'ai vu leur impact direct, notamment sur les paiements de pensions. Mon rôle en tant que vice-présidente exécutive d'Areva m'a permis de gérer les restrictions imposées par le Trésor américain concernant le programme nucléaire.

Les négociations actuelles

Les négociations en cours, débutées le 12 avril à Oman, se déroulent dans un climat de tensions et de secret. Les rencontres sont séparées, sans images ni informations claires. Cependant, elles semblent se diriger vers une résolution significative. Pour le président américain, un accord avec Téhéran pourrait neutraliser la menace nucléaire tout en lui offrant un succès économique à afficher.

Les termes envisagés pourraient inclure l'exploitation par des entreprises américaines des gisements de gaz du champ South Pars, en échange d'un feu vert pour le programme nucléaire civil iranien. Cette dynamique souligne l'exclusion délibérée de l'Europe des discussions, comme l'a affirmé Araghchi.

La marginalisation de l'Europe

La situation actuelle met en lumière la marginalisation de l'Europe dans les négociations. Araghchi a clairement indiqué que les Européens "sont complètement hors du paysage négociateur". Cette exclusion contraste avec l'implication antérieure de l'UE lors des tentatives de renouveau du JCPOA en 2021. Malgré les efforts de la médiation européenne, les exigences iraniennes de dernière minute ont conduit à l'échec des pourparlers.

Le retrait unilatéral des États-Unis du JCPOA en 2018 a révélé la faiblesse de l'influence stratégique de l'UE. Malgré les efforts pour maintenir l'accord, les sanctions américaines et l'absence de mécanismes efficaces ont gravement compromis les ambitions multilatérales de l'Union.

Conclusion

En conclusion, la situation actuelle souligne le dilemme existentiel de l'UE face à un monde en évolution rapide. Sans réformes profondes pour renforcer sa voix et son autonomie, l'Union risque de rester marginalisée. Les Européens se retrouvent alors spectateurs d'un ordre international qui ignore leur poids historique et leur potentiel d'influence.

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