Le secteur des noix de cajou en Ghana fait face à de nombreux défis. Bien que le pays soit le troisième exportateur mondial, les producteurs locaux peinent à tirer profit de cette ressource. La situation actuelle soulève des questions sur la durabilité et la rentabilité pour les agriculteurs.
Environ 300 000 Ghanéens dépendent de la culture des noix de cajou pour leur subsistance. Nashiru Seydou, un agriculteur du nord-est du pays, témoigne des difficultés rencontrées. Les chaînes d'approvisionnement peu fiables et les prix de gros volatils compliquent la survie des producteurs.
Actuellement, Nashiru obtient environ 50 dollars pour un sac de 100 kg de noix non décortiquées. Ce prix est dérisoire comparé aux marges bénéficiaires colossales réalisées par les roasters et détaillants qui revendent ces noix pour des montants allant de 20 000 à 40 000 dollars la tonne.
Mildred Akotia, fondatrice d'Akwaaba Fine Foods, s'efforce d'augmenter la transformation locale des noix de cajou. Actuellement, son entreprise ne traite que 25 tonnes par an. Elle souligne que le coût du crédit en Ghana rend l'accès aux équipements de transformation très difficile.
Moins de 20% des noix de cajou du Ghana sont traitées localement. La majorité est exportée brute vers des usines en Inde, en Thaïlande et au Vietnam. Étonnamment, certaines noix sont ensuite réimportées au Ghana à des prix similaires à ceux des produits locaux.
En 2016, le gouvernement ghanéen a tenté d'interdire l'exportation de noix brutes pour encourager la transformation locale. Cependant, cette politique a été abandonnée rapidement en raison de la pression des agriculteurs. Sans prêts abordables, il est difficile pour les nouveaux transformateurs de pénétrer le marché.
Des discussions récentes évoquent des augmentations de tarifs sur les exportations de noix brutes. Cependant, selon Bright Simons, le véritable défi réside dans la nécessité d'améliorer les compétences et l'infrastructure des entreprises locales pour stimuler la demande.
Prof Daron Acemoglu, lauréat du prix Nobel, souligne que le développement d'un marché local solide est crucial pour l'industrie des noix de cajou. Les entreprises doivent surmonter des obstacles tels que la corruption et l'accès limité aux marchés étrangers.
Il est essentiel que le gouvernement ghanéen améliore les infrastructures de transport pour réduire les coûts. En parallèle, les entrepreneurs doivent se concentrer sur le branding et le marketing pour promouvoir la consommation locale de noix de cajou.
Le secteur des noix de cajou au Ghana a un potentiel énorme, mais il doit surmonter de nombreux défis. En améliorant l'accès au crédit, en favorisant la transformation locale et en développant un marché intérieur dynamique, le Ghana pourrait transformer son industrie des noix de cajou en un modèle de succès.