Un juge du Manitoba a déterminé qu'il y a eu un « abus de procédure » lorsque l'ancien procureur général de la province a ordonné un examen d'une décision de ne pas inculper Peter Nygard pour agression sexuelle et enfermement illégal. Malgré cette décision, les charges ne seront pas suspendues.
Le juge de la cour provinciale, Mary Kate Harvie, a rendu son jugement mardi matin, mais n'a pas accordé de suspension judiciaire des procédures, comme le demandait l'avocat de Nygard. Harvie a déclaré : « Je suis satisfaite que les actions du procureur général constituent un abus de procédure. »
Elle a qualifié cet abus de « grave », affirmant que les actions de l'ancien procureur général, Kelvin Goertzen, étaient largement en deçà des normes acceptées. Cependant, elle a précisé que le procès contre Nygard se poursuivra.
Nygard a été arrêté à Winnipeg en décembre 2020 en vertu de la Loi sur l'extradition, après avoir été accusé de neuf chefs d'accusation à New York, y compris le trafic sexuel et le rackettisme. À cette époque, le Service de police de Winnipeg enquêtait sur lui depuis plusieurs mois.
Les dossiers de huit femmes ayant allégué des agressions de la part de Nygard ont été envoyés à la Justice du Manitoba pour examen. Cependant, les procureurs du Manitoba ont décidé en 2021 de ne pas porter de charges.
En 2022, Goertzen a annoncé qu'il allait reconsidérer cette décision, invoquant des pressions politiques pour demander un second avis des services de poursuite de la Saskatchewan. Cette réévaluation a conduit à l'inculpation de Nygard en 2023 pour des faits présumés commis en novembre 1993.
Gerri Wiebe, l'avocate de Nygard, a soutenu que la demande de révision était motivée par des protestations publiques et une pression médiatique intense, ce qui a compromis l'intégrité du système judiciaire.
Le ministère public a défendu que Goertzen agissait dans l'intérêt public et pour le bien des victimes d'agression sexuelle. Charles Murray a affirmé que la demande d'un second avis était inhabituelle mais légitime, relevant du pouvoir du procureur général.
Il a ajouté que Goertzen représentait le sensus commun de justice de la communauté. Nygard, quant à lui, a déjà été condamné à 11 ans de prison pour des agressions commises à Toronto entre la fin des années 1980 et le début des années 2000.
En somme, la décision du tribunal de ne pas suspendre les charges contre Peter Nygard souligne les tensions entre les pressions politiques et l'intégrité du processus judiciaire. Le cas continuera à être examiné, avec des implications importantes pour toutes les parties impliquées.