De nombreux résidents d'Okinawa sont exaspérés par la présence constante des soldats américains. Des enquêtes menées par des journaux locaux révèlent que sept habitants sur dix souhaitent que leur gouvernement expulse les militaires des bases "occupées" par Washington. Cette résignation n'est pas nouvelle, mais elle est désormais accompagnée d'une vague de colère grandissante.
Cette colère est alimentée par plusieurs cas de violences sexuelles récentes. Fin avril, les autorités japonaises ont annoncé l'ouverture d'une enquête sur deux marines américains. L'un d'eux, âgé de 20 ans, est accusé d'avoir violé une femme japonaise dans une base militaire, tandis que l'autre aurait également commis des actes similaires. Ces incidents ont ravivé les tensions et les demandes de justice parmi la population.
Les cas de violences sexuelles ne sont pas isolés. L'année dernière, un soldat américain a été jugé pour avoir enlevé et violé une adolescente japonaise de 15 ans. La victime a déclaré qu'elle se trouvait dans un parc lorsque le soldat l'a approchée et l'a invitée à monter dans sa voiture. Elle a ensuite été emmenée chez lui, où elle a subi l'agression.
Actuellement, trois autres affaires d'agressions sexuelles impliquant des militaires sont ouvertes, survenues entre février 2023 et janvier 2024. Les manifestations se multiplient, les résidents scandant : "Nous voulons qu'ils rentrent chez eux" devant les bases militaires. Okinawa, qui abrite plus de 70 % des bases américaines au Japon, est devenue un symbole de cette lutte.
Okinawa a une histoire riche, autrefois prospère en tant que royaume Ryukyu. En 1879, elle a été occupée par les troupes japonaises, et un siècle plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, elle est passée sous le contrôle américain. Bien que le Japon ait récupéré le contrôle en 1972, un accord a permis aux troupes américaines de rester indéfiniment.
Depuis lors, plus de 6 200 cas d'agressions sexuelles et de viols par des soldats américains ont été signalés. Le gouverneur d'Okinawa, Denny Tamaki, a exprimé son indignation, appelant à des mesures pour prévenir de tels actes. Il a déclaré :
"Ces crimes inhumains et déplorables préoccupent profondément la population d'Okinawa."
Des législateurs japonais, tant du parti au pouvoir que de l'opposition, critiquent le non-respect par les États-Unis de l'accord bilatéral. Ils soulignent que les autorités américaines ne notifient pas Tokyo des cas d'agressions sexuelles impliquant leur personnel militaire. De plus, la police locale ne transmet pas toujours immédiatement les plaintes aux autorités compétentes.
Le premier incident marquant remonte à 1995, lorsque trois militaires américains ont enlevé et violé une fillette de 12 ans, entraînant des excuses publiques du président Bill Clinton. Des manifestations similaires ont eu lieu en 2016 après le viol et le meurtre d'une jeune femme de 20 ans par un ancien marine.
Récemment, la pression populaire a augmenté pour que les États-Unis respectent un engagement ancien de déplacer 9 000 marines d'Okinawa vers Guam. Cependant, cette relocalisation n'est toujours pas concrétisée. Les politiques américaines et de nombreux législateurs japonais, en particulier les conservateurs, soutiennent que la présence militaire est nécessaire pour contrer les menaces de la Corée du Nord et l'activité militaire croissante de la Chine.
La situation à Okinawa est complexe, marquée par des tensions historiques et des incidents récents qui alimentent la colère des habitants. Les appels à des réformes et à un retrait des troupes américaines se multiplient, alors que la population aspire à une meilleure sécurité et à un respect de ses droits. La lutte pour la justice et la paix continue d'être une priorité pour les résidents d'Okinawa.