Sans Travail, Mais Avec des Oracles : Quand la Boule de Cristal Remplace le Contrat de Travail chez les Jeunes Chinois
Introduction
En 2025, nous entrons dans l'année de la serpente de bois, un événement qui, selon le zodiaque chinois, entre en conflit avec le signe du cochon. Ce choc met en lumière les différences entre ces deux signes : la serpente, introspective, adopte une stratégie silencieuse, tandis que le cochon, insouciant, privilégie la spontanéité.
La recherche de la chance
Ces derniers mois, les temples ont vu affluer des cochons cherchant à attirer la bonne fortune. Ce phénomène est particulièrement visible chez les jeunes, qui, malgré un scepticisme religieux, se tournent vers ces lieux pour trouver protection et espoir. Zhou, un consultant de 30 ans, est un exemple de cette quête.
« Cela fait plus d'un an que je n'ai pas trouvé de travail décent », confie Zhou, qui parcourt les temples bouddhistes et taoïstes de Chine. De même, Yang, un jeune né en 2007, brûle quotidiennement de l'encens dans un temple de Qingdao, espérant chasser les énergies négatives après avoir perdu son emploi.
Les pratiques divinatoires
Lors de leurs visites, Zhou et Yang consultent également des devins présents à proximité des sanctuaires. Ces derniers utilisent des méthodes traditionnelles pour prédire l'avenir, comme agiter des tiges de millefeuille ou lancer des pièces de monnaie dans un bol. Les techniques modernes, telles que le bazi, gagnent également en popularité.
Les jeunes, qu'ils soient nés sous le signe du cochon ou non, se tournent vers ces pratiques pour trouver des réponses à leurs incertitudes. Ces consultations prospèrent dans un contexte où le marché du travail devient de plus en plus difficile.
Un contrat social brisé
Ce phénomène ne représente pas un simple retour aux superstitions anciennes, mais plutôt une rupture d'un contrat social. Pendant des décennies, l'État a promu l'idée que le progrès était le fruit de l'effort personnel et de l'obéissance. Aujourd'hui, cette promesse semble s'être évaporée pour de nombreux jeunes.
La génération actuelle se retrouve dans un labyrinthe sans issue, cherchant des repères et des certitudes dans un monde du travail devenu impitoyable. L'essor de la divination témoigne d'un désenchantement généralisé qui émerge après des années de croissance économique rapide.
Les défis du marché du travail
Les statistiques montrent une réalité préoccupante : en août, le taux de chômage des jeunes en milieu urbain en Chine a atteint 18,9 %, un chiffre alarmant. Ce constat est d'autant plus frappant lorsqu'on considère que 12,2 millions de diplômés universitaires ont terminé leurs études récemment, cherchant désespérément des emplois adaptés à leurs compétences.
Les jeunes diplômés, souvent issus de la politique de l'enfant unique, se retrouvent à devoir soutenir des parents vieillissants dans une société où la population âgée augmente rapidement. La pression financière et émotionnelle sur eux est de plus en plus forte, alors que les opportunités se raréfient.
La résurgence de la divination moderne
Historiquement, les devins en Chine remontent à la dynastie Shang, où la divination était pratiquée par les dirigeants. Aujourd'hui, malgré les efforts du Parti Communiste pour éradiquer ce qu'il considère comme de la superstition, la demande pour ces services, notamment en ligne, explose.
Des applications comme Cece, proposant horoscopes et lectures de tarot, connaissent un succès fulgurant. En 2021, pendant la pandémie, environ 80 % des Chinois de moins de 30 ans avaient consulté un devin, illustrant ainsi l'ampleur de ce phénomène.
Conclusion
En somme, l'année de la serpente de bois met en lumière les défis auxquels font face les jeunes Chinois. Leur quête de sens et de stabilité à travers la divination révèle un profond décalage entre les promesses d'un avenir radieux et la réalité d'un marché du travail en crise. Cette dynamique souligne l'importance croissante de la spiritualité et des croyances traditionnelles dans un monde en mutation rapide.
