
Une charité canadienne, dédiée aux premiers intervenants et à leurs familles, a cessé ses activités et poursuit son ancien PDG ainsi que son trésorier. Les allégations de fraude massive et de détournement de fonds de donateurs ont conduit à cette situation. La Canadian Critical Incident Stress Foundation (CCISF), basée à Hamilton, a discrètement arrêté ses opérations l'année dernière.
La CCISF, fondée en 2013, visait à soutenir les policiers, pompiers et paramédics confrontés au PTSD. La charité a été mise en lumière lorsque des poursuites ont été engagées contre Renee Jarvis, l'ancienne PDG, et sa fille, Kelsey Pitt, ancienne trésorière. Le procès, déposé en septembre, accuse Jarvis et Pitt de ne pas avoir envoyé les retenues de paie à l'Agence du revenu du Canada, entraînant une dette fiscale de 90 000 $.
Les deux femmes auraient également emprunté plus de 150 000 $ des fonds de la charité pour soi-disant rembourser cette dette. Le procès vise à récupérer ces fonds et à obtenir des compensations pour les coûts et dommages.
La CCISF organisait des conférences annuelles pour les personnes souffrant de PTSD, mais son principal projet était le Camp FACES, un séjour estival pour les familles endeuillées. Harold Coffin, président du conseil d'administration, a pris la décision difficile de fermer la charité. "Nous avons réalisé qu'il serait difficile de continuer à fonctionner ou de lever des fonds", a-t-il déclaré.
Un dernier Camp FACES s'est tenu l'été dernier, et Coffin s'efforce maintenant de dissoudre l'organisation conformément aux règles de l'ARC. "C'était triste de fermer. Je croyais au camp", a-t-il ajouté.
Les résumés financiers disponibles montrent que la CCISF dépensait systématiquement plus pour le financement que pour ses programmes. Par exemple, en 2020, elle a levé 947 000 $, mais a payé 491 000 $ à des collecteurs de fonds externes. Les lignes directrices de l'ARC stipulent que les coûts de financement ne devraient pas dépasser 35 % du budget des organismes de bienfaisance.
Cependant, au cours des cinq années fiscales se terminant en 2024, la CCISF a dépensé en moyenne 61 %. Kate Bahen, directrice de Charity Intelligence, souligne que cette dépendance croissante aux entreprises de collecte de fonds à but lucratif nuit aux Canadiens et aux organismes qui respectent les règles.
La CCISF a informé les familles ayant assisté au Camp FACES de la situation difficile de l'organisation. Sarah Routhier-Clark, veuve d'un agent de l'OPP, a exprimé sa dévastation face à cette annonce. "C'était un événement familial que nous attendions chaque année", a-t-elle déclaré.
Le camp offrait une communauté sûre et solidaire, permettant aux enfants d'apprendre à exprimer leurs émotions. Routhier-Clark espère continuer cette mission avec un nouveau groupe, Frontline Families, qui a demandé un statut de bienfaisance pour offrir leur propre retraite l'été prochain.
La dissolution de la CCISF soulève des questions cruciales sur la gestion des organismes de bienfaisance et la protection des fonds des donateurs. Les familles touchées par cette situation cherchent des moyens de poursuivre le soutien qu'elles ont reçu par le passé. L'avenir de ces initiatives dépendra de la transparence et de l'intégrité dans la collecte de fonds.