Une trentaine d’urbanistes venus de toute la France se sont réunis à Caen, dans le Calvados, pour réfléchir à l’adaptation de l’estuaire de l’Orne face à la montée du niveau de la mer. Cet atelier, qui a eu lieu du 2 au 4 avril, a permis d'explorer des solutions innovantes.
Le club « projets urbains et paysages » de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) a organisé cet atelier près du canal reliant Caen à l’océan. Les participants ont eu trois jours pour proposer des pistes d’adaptation, sans limites. Les élus présents ont montré une grande ouverture d'esprit, selon Alix, représentante d'une agence lyonnaise.
Les urbanistes ont présenté des schémas illustrant un territoire où l’incertitude est une contrainte. Ils ont souligné l'importance de rendre sa place à l'eau, notamment à l'Orne, tout en intégrant les besoins humains. L'idée d'un « quartier suspendu » a également été évoquée, avec des passages surélevés et des rez-de-chaussée adaptés.
Sonia de La Provôté, sénatrice du Calvados, a insisté sur le fait que l'eau « va s’étaler » dans ce secteur de 15 km². Elle a souligné la nécessité de résister là où c'est indispensable, tout en accueillant la nature. Cela pourrait aussi contribuer à un meilleur bien-vivre dans la région.
Cependant, Emmanuel Renard, vice-président de l’agglomération, a averti que cette phase d’adaptation sera difficile pour l'agriculture, notamment avec des eaux saumâtres. Les urbanistes envisagent des équipements plus légers, comme des guignettes et des observatoires naturels, pour s'adapter à cette nouvelle réalité.
Le président de Caen-la-Mer, Nicolas Joyau, a soulevé des questions cruciales concernant le fonctionnement des infrastructures face à la montée des eaux. Il s'interroge sur l’efficacité des réseaux d’assainissement lorsque ceux-ci sont submergés. De plus, il se demande comment assurer le transport si les marées empêchent les déplacements.
Les décideurs locaux sont très attentifs aux propositions formulées durant l’atelier. En été 2023, l’agglomération a suspendu un projet d’aménagement de la presqu’île, jugé trop exposé à la montée des eaux. C'est une décision courageuse, selon les participants, qui souligne l'importance de repenser l’aménagement du territoire.
Les urbanistes ont proposé des plans d’adaptation sur des périodes de 25 ans, visant à développer des activités sur l'isthme entre le canal et l'Orne. Ces propositions nécessiteront un nouveau modèle économique, car « on ne peut plus vendre de terrains », a rappelé Nicolas Joyau. Cela implique également une gouvernance qui dépasse les mandats actuels.
Les idées émises par ces urbanistes ont été bien accueillies à Caen, témoignant d'une volonté commune d'adapter le territoire aux défis futurs. La collaboration entre les élus et les experts sera essentielle pour assurer un suivi pérenne des projets envisagés.
En somme, l'atelier à Caen a permis d'initier un dialogue essentiel sur l'adaptation de l'estuaire de l'Orne face à la montée des eaux. Les enjeux sont multiples, allant de la préservation de l'environnement à la nécessité d'un aménagement durable. Les propositions formulées pourraient jouer un rôle clé dans l'avenir de cette région.