Chaque septembre, Cernobbio devient le centre du débat sur l'avenir de l'Europe. Politiciens, entrepreneurs et intellectuels se réunissent au Lac de Côme pour participer au forum exclusif de The European House Ambrosetti. Ce rassemblement permet à l'Europe influente de discuter de ses enjeux.
Wolfgang Ischinger, président du Conseil de la Fondation de la Conférence de Sécurité de Munich, a ouvert le forum. Dans une interview, il met en garde contre la perte de poids international de l'Espagne due à sa résistance à augmenter le dépense militaire.
Il souligne que la réponse à la récente violation de l'espace aérien polonais par des drones russes doit être unifiée et ferme. La réaction de la Pologne, demandant des consultations à l'OTAN, est un premier pas dans la bonne direction.
Ischinger évoque la disparition d'un ordre international basé sur des normes. Ce changement affecte directement l'Union Européenne et ses 27 membres, qui souffrent de violations croissantes du droit international. Les conflits éclatent, et le Conseil de Sécurité de l'ONU est incapable de prendre des décisions claires.
Il met en garde que le pouvoir réel, en 2025 ou 2026, ne sera pas seulement technologique ou énergétique, mais aussi militaire. Cela représente un défi majeur pour le projet européen des 50 dernières années.
Pour devenir un acteur stratégique, l'Europe doit non seulement s'intégrer, mais aussi protéger ses frontières et ses citoyens. Emmanuel Macron parle d'une "Europe qui protège". Cela nécessite des ressources et des mécanismes de décision adaptés.
Ischinger propose de créer un pilier de défense et de protection, en plus de l'intégration. Il insiste sur l'importance de parler d'une seule voix en matière de sécurité et de défense pour être pris au sérieux sur la scène mondiale.
Concernant les garanties de sécurité pour l'Ukraine, Ischinger souligne l'importance d'une stratégie qui renforce l'armée ukrainienne. Il évoque la nécessité d'aider l'Ukraine à devenir un pays dissuasif, capable de résister à toute agression.
Il propose de se concentrer sur l'équipement militaire et la modernisation de l'armée ukrainienne, plutôt que sur le déploiement immédiat de troupes occidentales, ce qui pourrait être interprété comme une escalade.
Ischinger aborde également le lien transatlantique et la nécessité pour l'Europe de maintenir des relations étroites avec les États-Unis. Bien qu'il soit crucial de réduire la dépendance, il admet que l'Europe ne peut pas se défendre seule pour le moment.
Il appelle à une collaboration continue avec Washington, tout en travaillant vers une plus grande autonomie stratégique à long terme. Cela demandera du temps, mais est essentiel pour l'avenir de l'Europe.
En somme, les discussions à Cernobbio soulignent des défis majeurs pour l'Europe. Face à un monde en mutation, il est impératif que l'Europe s'unisse et renforce sa défense. Seule une approche coordonnée et stratégique permettra à l'Europe de maintenir son influence et sa sécurité dans les années à venir.