Alors que le Canada fait face à sa plus grande épidémie de rougeole depuis plus d'une décennie, les experts en santé affirment qu'un outil utilisé durant l'ère COVID pourrait aider à maîtriser la propagation. Les tests des eaux usées, qui se sont révélés efficaces pendant la pandémie, pourraient jouer un rôle clé dans le suivi de cette épidémie.
La surveillance des eaux usées, qui consiste à tester des échantillons d'eaux usées pour détecter des pathogènes viraux, est devenue essentielle pendant la pandémie. Ces données ont permis aux autorités sanitaires de cartographier la propagation du COVID-19 et de mieux prédire l'évolution des cas. Cela a été salué comme un outil de santé publique crucial.
Alors que l'épidémie actuelle de rougeole dépasse les 500 cas au Canada, les experts soulignent que c'est le moment idéal pour s'appuyer sur la surveillance régionale des eaux usées. Cependant, les responsables de la santé publique ne semblent pas utiliser cet outil pour tester la rougeole.
En Ontario, un foyer actuel de rougeole, la surveillance des eaux usées a été réduite. La province a abandonné son programme l'été dernier, se fiant plutôt à l'Agence de santé publique du Canada (PHAC). Toutefois, le tableau de bord de la PHAC ne suit pas actuellement le virus de la rougeole.
Un porte-parole a indiqué que l'agence suit les cas de rougeole chaque semaine, mais qu'il n'y a "aucun plan" pour un suivi supplémentaire via les eaux usées. La rougeole est considérée comme une maladie à déclaration obligatoire au Canada, mais cela ne semble pas suffisant pour une surveillance efficace.
Comme pour le COVID-19, les patients atteints de rougeole peuvent être asymptomatiques tout en étant contagieux, ce qui signifie que les cas signalés actuellement sont probablement sous-estimés. La surveillance des eaux usées pourrait donc avoir un impact majeur en identifiant les zones de propagation du virus.
Eric Arts, professeur de microbiologie à l'Université Western, a déclaré que cela permettrait d'implémenter des mesures de santé publique efficaces. Par exemple, dans les zones où de fortes concentrations du virus sont détectées, la santé publique pourrait intensifier les campagnes de vaccination.
Un défi majeur dans cette approche réside dans le fait que la rougeole nécessite une étape supplémentaire dans le processus de test. Cela est dû à l'utilisation d'un vaccin vivant atténué, qui peut provoquer des réactions légères similaires aux symptômes de l'infection par la rougeole.
Ces réactions peuvent induire en erreur, car le virus du vaccin peut également être détecté dans les eaux usées. Pour clarifier cela, il faudrait séquencer davantage le signal, ce qui prend du temps et retarde les résultats.
Bien que les experts s'accordent à dire que la surveillance des eaux usées est un outil nécessaire, ils soulignent également qu'il est crucial d'augmenter le nombre de sites de test. Actuellement, la majorité des sites de surveillance se concentrent sur le COVID-19, laissant des lacunes pour d'autres maladies. En période d'épidémie, cette méthode pourrait fournir des données essentielles pour aider à contrôler la propagation de la rougeole.