Le dernier ouvrage de Javier Cercas se présente comme une œuvre hybride, mêlant chronique, essai et éléments de roman policier. Après une signature de livres à Turin, un représentant du Vatican lui a proposé un accès total pour écrire sur le pape. Cette offre inattendue a conduit à la rédaction de "El loco de Dios en el fin del mundo".
Le livre débute par un voyage du pape en Mongolie, un pays où le catholicisme est marginal. Avec seulement 1 500 fidèles, cette réalité a intrigué l'écrivain. Après avoir accepté l'offre, il a bénéficié de mois d'interviews et de voyages au Vatican, ce qui lui a permis de rassembler le matériel nécessaire pour son récit.
Dans cet ouvrage, Cercas explore les complexités de la foi et de la vie éternelle, en se basant sur les réflexions de sa mère, récemment décédée. Elle croyait fermement en la vie après la mort, ce qui a profondément influencé son écriture.
Cercas souligne que réduire la littérature à la fiction est limitant. Son texte est un mélange de genres, reflétant sa vision du monde. Il aborde des thèmes tels que la résurrection et la foi, tout en se positionnant comme un athée et un anticlérical.
Il explique que sa curiosité pour le pape François a toujours été présente, mais avec un regard critique. En écrivant, il a voulu se débarrasser de ses préjugés pour mieux comprendre la dynamique du Vatican.
Cercas envisage son livre comme une enquête policière, où chaque roman a un mystère à résoudre. Dans ce cas, le mystère porte sur la croyance en la résurrection. Il s'interroge sur la foi du pape, la comparant à celle de sa mère, et se demande si cette foi est aussi forte.
Il admet que sa méthode d'approche, sans interview directe avec François, lui a permis de créer un récit plus riche. Cela rappelle des œuvres littéraires où le non-dit est aussi important que les mots prononcés.
Cercas décrit François comme un anticlérical, une caractéristique essentielle pour comprendre son rôle au sein de l'Église. Il critique le clericalisme, qu'il considère comme un cancer de l'Église, et souligne que ce pape a tenté de réformer des structures profondément ancrées.
Les réformes de François visent à décentraliser l'Église et à donner une voix aux périphéries, notamment en Amérique latine et en Afrique. Cela reflète une volonté d'adapter l'Église aux réalités contemporaines, même si cela lui a valu de nombreuses critiques.
En conclusion, "El loco de Dios en el fin del mundo" est bien plus qu'un simple livre sur le pape. C'est une réflexion profonde sur la foi, la famille et les défis de la modernité. Javier Cercas réussit à capturer l'essence d'un Vatican en mutation, tout en explorant les profondeurs de sa propre quête spirituelle.