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Une mort toutes les sept minutes : le pays le plus dangereux au monde pour accoucher

Publié le : 3 juin 2025

Une réalité tragique : la mortalité maternelle au Nigeria

Au Nigeria, une femme meurt en accouchant toutes les sept minutes, une statistique alarmante qui témoigne des dangers de l'accouchement dans ce pays. À 24 ans, Nafisa Salahu a frôlé la mort lors de son accouchement. Malgré sa présence à l'hôpital, elle n'a pas pu bénéficier d'une aide médicale adéquate en raison d'une grève des médecins. Sa situation illustre les défis auxquels de nombreuses femmes font face.

Après trois jours de travail, un césarienne a finalement été pratiquée, mais tragiquement, son bébé n'a pas survécu. Onze ans plus tard, Nafisa a accouché plusieurs fois, adoptant une attitude fataliste. "Je savais que j'étais entre la vie et la mort, mais je n'avais plus peur", déclare-t-elle, soulignant la dure réalité des femmes au Nigeria.

Les chiffres alarmants de la mortalité maternelle

Selon les dernières estimations de l'ONU, une femme sur 100 meurt en couches au Nigeria. Ce chiffre place le pays en tête d'un classement que personne ne souhaite diriger. En 2023, le Nigeria représentait 29 % de tous les décès maternels dans le monde, soit environ 75 000 femmes par an. Cela équivaut à une mort toutes les sept minutes, un constat tragique.

Les décès maternels sont souvent dus à des complications évitables, comme les hémorragies post-partum. Chinenye Nweze, morte après avoir accouché, est un exemple de ces tragédies. Son frère se souvient de la lutte pour obtenir du sang à l'hôpital, une situation qui a coûté la vie à sa sœur. Les causes de mortalité maternelle incluent également le travail obstructif et les avortements non sécurisés.

Les défis du système de santé

Le taux de mortalité maternelle élevé au Nigeria est le résultat de plusieurs facteurs. Martin Dohlsten de l'Unicef souligne le manque d'infrastructures sanitaires, la pénurie de professionnels de santé et le coût élevé des traitements. De plus, certaines croyances culturelles poussent les femmes à délaisser les soins médicaux au profit de remèdes traditionnels.

Pour de nombreuses femmes, atteindre un hôpital est un défi en soi. Mabel Onwuemena, coordinatrice d'une fondation, déclare que certaines pensent que "visiter les hôpitaux est une perte de temps". Même si elles parviennent à se rendre à l'hôpital, la qualité des soins laisse souvent à désirer en raison du manque d'équipements et de personnel formé.

Les disparités entre zones urbaines et rurales

Les conditions de santé diffèrent grandement entre les zones urbaines et rurales. Chinwendu Obiejesi, qui accouche dans un hôpital privé, constate que les décès maternels sont rares parmi ses proches. Dans sa ville d'Abuja, les hôpitaux sont accessibles et les femmes sont mieux informées des soins prénatals. En revanche, Jamila Ishaq, de l'État de Kano, a vécu des complications lors de son accouchement à l'hôpital, où aucune aide n'était disponible.

Les femmes des zones rurales font face à des obstacles supplémentaires, y compris le coût prohibitif des soins privés. Malgré cela, certaines, comme Chinwendu, sont déterminées à bénéficier de soins de qualité, suivant des consultations régulières et des tests nécessaires pour assurer leur sécurité et celle de leur bébé.

Initiatives pour réduire la mortalité maternelle

Face à cette crise, le gouvernement nigérian a lancé l'initiative Mamii pour réduire la mortalité maternelle. Ce programme vise à identifier les femmes enceintes et à les soutenir tout au long de leur grossesse. Dr Nana Sandah-Abubakar, responsable des services de santé communautaire, explique que l'initiative cible les zones les plus touchées par les décès liés à l'accouchement.

Bien que le programme ait déjà identifié 400 000 femmes dans six États, il reste à voir s'il aura un impact significatif. Les autorités espèrent que cette initiative contribuera à améliorer l'accès aux soins et à réduire le nombre de décès maternels. Cependant, des experts insistent sur la nécessité d'un financement durable et d'une mise en œuvre efficace pour garantir le succès de telles initiatives.

Conclusion

La situation de la maternité au Nigeria est tragique, avec 200 femmes perdant la vie chaque jour. Chaque décès laisse un vide immense dans les familles. La douleur de la perte reste vive pour ceux qui ont perdu un être cher, comme l'illustre le témoignage de Henry Edeh, qui pleure encore sa sœur. Pour les femmes nigérianes, la lutte pour des soins sûrs et accessibles continue, et il est essentiel d'agir pour changer cette réalité.

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