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Le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes

Publié le : 19 mai 2025

Le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes

Colombie, un pays où le risque pour les syndicalistes est alarmant. En juillet dernier, Jesús Cometa a échappé à une tentative d'assassinat dans la vallée du Cauca. Des hommes armés à moto ont tiré sur son véhicule, le laissant indemne, mais son garde du corps a été blessé. "Il a encore une balle dans la poitrine," raconte-t-il.

Cometa représente Sintrainagro, le plus grand syndicat agricole de Colombie. Il souligne que prendre des responsabilités syndicales signifie sacrifier sa vie sociale. "On ne peut pas se rendre dans des lieux publics, car on ne sait jamais quand on peut être ciblé," déclare-t-il. Sa famille partage également cette angoisse constante.

Un historique tragique

La violence à l'égard des syndicalistes en Colombie n'est pas un phénomène récent. Dans son roman Cien años de soledad, Gabriel García Márquez évoque le massacre des travailleurs dans les plantations de bananes dans les années 1920. Selon le ministère du Travail, plus de 3 000 syndicalistes ont été assassinés depuis les années 1970.

Bien que la Colombie soit plus pacifique qu'auparavant, les attaques continuent. Luc Triangle, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), affirme que la Colombie est le pays le plus mortel pour les syndicalistes. "Les meurtres sont ciblés," précise-t-il. Les victimes sont souvent des travailleurs dans des villages, pas des dirigeants syndicaux.

Les raisons de cette violence

Fabio Arias, dirigeant de la CUT, la plus grande fédération syndicale, relie cette violence au conflit civil complexe du pays. Les gouvernements de droite ont souvent associé les syndicalistes à des terroristes, justifiant ainsi la violence à leur encontre. "Une fois cette étiquette établie, les attaques deviennent acceptables," explique-t-il.

Les attaques sont également liées aux économies illégales de la Colombie, notamment le trafic de cocaïne. Les départements comme le Cauca et Nariño, où se trouvent les plus grandes plantations de coca, sont les plus touchés. Les syndicalistes soupçonnent que des entreprises paient des groupes armés pour réprimer les efforts d'organisation des travailleurs.

Les défis de la protection des syndicalistes

Les syndicats continuent de faire face à des menaces constantes. Zenón Escobar, un autre représentant de Sintrainagro, souligne la complexité de la situation dans la vallée du Cauca. "Il y a tant de groupes armés qu'on ne sait jamais qui est derrière les attaques," déclare-t-il.

Jimmy Núñez, représentant des commerçants, raconte ses propres expériences de violence. "Chaque jour, des leaders sociaux et syndicaux sont tués," dit-il. La peur est omniprésente, et les syndicats continuent de lutter pour leurs droits malgré le danger.

Les efforts du gouvernement et des entreprises

Le gouvernement colombien affirme qu'il fait de son mieux pour protéger les syndicalistes. Le président Gustavo Petro a reconnu le mouvement syndical comme une victime du conflit, une étape importante pour la justice. Cela permet aux victimes d'avoir plus de chances que leurs affaires soient enquêtées.

Luc Triangle insiste sur la responsabilité des entreprises multinationales. "Si j'étais PDG, je remettrais en question mes activités en Colombie," dit-il. Les entreprises doivent agir et ne pas rester silencieuses face aux meurtres de syndicalistes.

Conclusion

La Colombie reste un terrain dangereux pour les syndicalistes, malgré les efforts pour améliorer la situation. Les meurtres ciblés, la violence historique et les défis économiques continuent de menacer les droits des travailleurs. La communauté internationale doit prêter attention à cette crise et soutenir les efforts pour protéger les syndicalistes en Colombie.

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