Dans un monde de plus en plus globalisé, les pays rivalisent pour attirer et retenir les jeunes travailleurs qualifiés. L'histoire de Duarte Dias, un ingénieur logiciel portugais, illustre bien cette tendance. En 2020, il a accepté une offre d'emploi chez Microsoft à Dublin, avant de rejoindre le siège de l'entreprise à Seattle un an plus tard.
Bien qu'il ressente un manque de la culture portugaise et de l'esprit d'équipe familial, il ne regrette pas son choix. Les considérations financières ont largement influencé sa décision. En effet, il a vite compris que rester au Portugal aurait des conséquences financières désastreuses pour son avenir.
Duarte a effectué des simulations financières qui ont révélé une réalité difficile : même avec un emploi bien rémunéré, il n'aurait pas pu vivre confortablement. Son revenu annuel de 35 000 € était largement amputé par des impôts pouvant atteindre 40%. "Il était très difficile d'économiser si je ne vivais pas chez mes parents", se souvient-il.
Son déménagement en Irlande a été synonyme d'une augmentation significative de son salaire, atteignant 60 000 €. Aux États-Unis, il gagne maintenant plus de 160 000 $ avant impôts, un montant bien plus élevé que ce qu'il aurait gagné au Portugal. Il prévoit de retourner à Lisbonne dans deux ans, avec de meilleures économies.
Pour contrer l'exode des jeunes travailleurs, le gouvernement portugais a mis en place des initiatives comme le programme IRS Jovem, qui offre des réductions fiscales aux travailleurs de moins de 30 ans. En 2022, près de 74 000 contribuables ont bénéficié de cette mesure. Cependant, les experts doutent que cela suffise à retenir les jeunes.
Selon Sérgio Vasques, professeur de droit fiscal, le régime fiscal actuel ne parviendra pas à convaincre les jeunes de rester. "Les opportunités professionnelles à l'étranger sont plus nombreuses", souligne-t-il. De plus, le Portugal a l'un des taux d'imposition les plus élevés parmi les pays riches, ce qui complique davantage la situation.
Rita de La Feria, professeur de droit fiscal, rappelle que l'exode des jeunes n'est pas seulement un problème portugais. Des pays comme la Pologne et la Croatie font face à des défis similaires. La mobilité des travailleurs est en hausse, et de nombreux pays dépensent des sommes importantes pour former des jeunes qui finissent par partir à l'étranger.
Elle souligne que beaucoup de jeunes partent en pensant revenir un jour, mais la réalité est souvent différente. Une fois qu'ils ont fondé une famille, il devient presque impossible de revenir. Les salaires plus élevés à l'étranger attirent inévitablement les talents.
Antonio Almeida, un autre ingénieur logiciel, a quitté le Portugal pour Berlin en 2020, attiré par des salaires nettement plus élevés. "À Lisbonne, on proposait 1 300 € brut, tandis qu'à Berlin, j'ai eu 4 200 € pour un poste junior", explique-t-il. Malgré des impôts élevés en Allemagne, le gain net était considérable.
Maintenant installé en Belgique, il ne considère pas un retour au Portugal comme une priorité. "Le principal problème au Portugal, ce sont les bas salaires, pas les impôts", affirme-t-il. Il ne pense pas que les changements fiscaux influencent sa décision de revenir.
La lutte pour retenir les jeunes talents qualifiés est un défi majeur pour le Portugal et d'autres pays européens. Malgré les initiatives gouvernementales, les jeunes travailleurs continuent de chercher de meilleures opportunités à l'étranger. Les salaires compétitifs et un environnement professionnel attractif semblent être des facteurs déterminants dans leur choix de carrière.