Si Pedro Sánchez était allemand, il ne serait probablement plus président du Gouvernement. Lors d'un discours ce samedi, le leader socialiste a critiqué l'attitude des democristianos de Merz, en soulignant leur refus de s'allier avec la droite radicale. Il a ainsi dénoncé le pacte du PP avec Vox, appelant Feijóo à agir comme un homme politique allemand.
Il est intéressant de noter que Sánchez ne semble pas envisager d'appliquer cette même logique à lui-même. En qualifiant les accords PP-Vox de « collaboracionismo », il a soutenu que l'Histoire serait sévère avec les collaboracionistes du XXIe siècle, tout comme elle l'a été avec ceux du XXe siècle. Cette comparaison entre l'Europe des années 30-40 et celle d'aujourd'hui est discutable.
Il convient de rappeler que le terme « collaboracionista » ne s'applique pas aux conservateurs allemands qui ont gouverné avec les nazis, mais plutôt à ceux des pays occupés par l'Allemagne, comme la France ou la Belgique. Ce n'est pas la coopération avec l'extrême droite qui est problématique, mais la collaboration avec un envahisseur.
Sánchez semble surpris que tant de personnes doutent de ses efforts pour éclairer la mémoire historique. Cependant, le reproche le plus pertinent vient de Manuel Arias Maldonado, qui souligne l'étonnement de voir le président évoquer le modèle allemand. En Allemagne, les social-démocrates ont soutenu les conservateurs à plusieurs reprises après des élections.
Ce soutien est exactement ce que le sanchisme a rejeté depuis le célèbre « non c'est non ». Après les élections de 2023, tant les élections régionales que générales, Sánchez aurait pu envisager une telle collaboration, mais cela ne semble pas avoir été à l'ordre du jour. L'exemple allemand montre que les cordons sanitaires doivent être accompagnés d'une volonté de gouverner ensemble.
Sans cette volonté, il est difficile d'exiger des alliances. Scholz a été prêt à être le vice-chancelier de Merkel, tandis que Sánchez n'a jamais voulu être vice-président de Rajoy ou de Feijóo. Cela soulève des questions sur la gouvernabilité et les compromis nécessaires pour avancer.
En fin de compte, si Sánchez était allemand, il ne chercherait pas à faire avancer une législature à travers des concessions à des partenaires radicaux et minoritaires. Ces concessions, qui impliquent des changements dans le fonctionnement de l'État, ne devraient être justifiées que par des besoins politiques conjoncturels.
La gouvernabilité de l'Espagne ne devrait pas dépendre de la condonation de 17 milliards d'euros de dette pour la Catalogne, annoncée pour apaiser ERC, ou du transfert complet des compétences en matière d'immigration promis à Junts. Sánchez reproche au leader populaire de ne pas agir comme ses homologues de la CDU, alors qu'il n'a jamais voulu se comporter comme un membre de l'SPD.
Il est clair que les enjeux politiques en Espagne sont complexes et que les décisions prises par le gouvernement actuel soulèvent des interrogations. Les choix stratégiques de Sánchez sont scrutés, et il semble que les leçons de l'Histoire ne soient pas toujours prises en compte. La situation actuelle démontre que la politique nécessite une réflexion approfondie sur les alliances et les compromis nécessaires pour un avenir stable.