Le service d'études du Banco de España, le plus important du pays, met fin à 25 ans d'alertes concernant la soutenabilité du système de pensions. Le gouverneur, José Luis Escrivá, a déclaré qu'il n'a plus la capacité de se prononcer sur ce défi économique et le laisse à une autre institution, l'Autorité Indépendante de Responsabilité Fiscale (AIReF).
Cette décision implique que l'AIReF doit se conformer à la méthodologie de calcul établie par le gouvernement. Escrivá ne voit pas de « valeur ajoutée » à apporter, ce qui remet en question implicitement les travaux de son prédécesseur, Pablo Hernández de Cos, un expert reconnu dans ce domaine.
Le premier rapport sur les problèmes de soutenabilité du système date de 2001 et est signé par De Cos. Ce rapport soulignait que, malgré des chiffres positifs à l'époque, les démographies et le marché du travail seraient les principaux déterminants de l'évolution future du système de pensions. Cela, à condition qu'aucun changement législatif ne soit effectué.
Depuis lors, de nombreux rapports et conférences ont été réalisés, notamment le rapport annuel de 2023. Dans ce dernier, De Cos a affirmé que la réforme proposée par le gouvernement de Sánchez n'était pas suffisante pour garantir la soutenabilité du système de pensions.
Le problème de la soutenabilité a disparu du rapport annuel de 2024, récemment présenté par le directeur de l'économie, Ángel Gavilán, qui a également annoncé sa démission. Escrivá a justifié cette absence de prononcements en évoquant un plan stratégique pour 2030, où il a renvoyé à l'AIReF pour toute question pertinente.
Il a également soutenu que le service d'études ne possède « ni de loin » les ressources ni « la capacité » pour se prononcer sur la soutenabilité, contrairement à l'AIReF. De Cos s'était déjà exprimé sur la question des pensions alors que l'AIReF était opérationnelle.
Le service d'études se prononcera désormais uniquement sur des questions de politique économique s'il a une contribution significative à apporter. En outre, il ne commentera jamais les aspects liés à la redistribution des revenus, car il estime que cela manque de « légitimité démocratique ».
Escrivá pense que seul le gouvernement et le parlement ont le soutien démocratique pour discuter de certains transferts de dépenses ou de modifications fiscales. Le rapport sur la stabilité financière critiquant le nouvel impôt sur les banques ne contredit pas cette position, car il ne remet pas en cause la création de l'impôt, mais son design.
Escrivá a affirmé sa capacité à restructurer le service d'études, déclarant : « Si quelqu'un est qualifié en Espagne pour une restructuration de ce type, c'est moi. » Il a rappelé ses 35 années d'expérience à la tête d'économistes. Il ne cherche pas à affaiblir le service, mais à le renforcer.
Cependant, il a critiqué le gouvernement pour avoir présenté un plan fiscal et structurel sur sept ans sans suffisamment de précisions, ce qui constitue, selon lui, un « gâchis d'opportunité ». Il s'est montré optimiste quant au plan stratégique qui inclut la création d'un musée et un changement de politique de personnel pour attirer les talents.
En somme, le Banco de España entre dans une nouvelle phase avec des changements significatifs dans son approche face à la soutenabilité du système de pensions. La responsabilité est désormais transférée à l'AIReF, tandis qu'Escrivá se concentre sur la restructuration et l'attraction de talents au sein de l'institution.