Aitziber López de Lacalle réfléchit profondément à chaque réponse, mais son silence s'allonge légèrement lorsqu'elle évoque son père, José Luis López de Lacalle. Bien que 25 ans se soient écoulés depuis son assassinat, Aitziber ressent toujours sa présence et le « douleur intime » qui l’a envahie ce 7 mai 2000.
Les souvenirs restent très vivants. Bien que de nombreuses années aient passé, c'est comme si c'était hier. La mémoire joue des tours, car tant de temps s'est écoulé, et pourtant, les souvenirs sont toujours douloureux et intenses. C'était une douleur partagée avec beaucoup de gens, ce qui rendait la situation encore plus difficile.
Aitziber se trouvait à 950 kilomètres quand son père a été abattu. Elle se souvient des menaces qui pesaient sur lui, malgré ses efforts pour les protéger. Même à distance, elle était consciente du danger, mais elle ne pouvait pas imaginer que cela se concrétiserait.
José Luis et Mari Paz Artolazabal étaient bien connus à Andoain. Être la fille de José Luis n'a pas été une incommodité pour Aitziber, mais elle a ressenti la pression liée à la notoriété de son père. Bien que sa mère ait été l'une des fondatrices de l'ikastola, le fait que son père ne soit pas nationaliste était palpable.
Elle a grandi dans une famille où il n'y avait pas de tabous. Leur dialogue ouvert sur la situation a facilité la compréhension des enjeux. Aitziber se souvient des nombreuses discussions à la maison, où son père partageait ses lectures et les événements du monde.
Pour Aitziber, José Luis était le meilleur père du monde. Il ne lui imposait pas ses idées, mais l'encourageait à développer les siennes. Cette approche a façonné sa pensée critique et son ouverture d'esprit.
Son parcours en psychiatrie a également influencé sa manière de gérer la perte de son père. Aitziber a suivi une formation complète, ce qui lui a permis d'empathiser avec la douleur d'une manière unique. Cependant, elle reconnaît que c'est une épreuve qu'elle ne souhaite à personne.
Dans les années 60, José Luis a cofondé une publication appelée Unidad y Lucha, liée aux Commissions ouvrières. Son engagement envers les libertés et le débat d'idées était inébranlable. Pour lui, le journalisme était un moyen de provoquer un débat constructif pour faire avancer la société.
Il n'a jamais envisagé d'arrêter d'écrire, car cela faisait partie intégrante de sa vie. Aitziber ressent un grand vide sans lui, tant comme père que comme référent intellectuel. Elle regrette de ne plus pouvoir bénéficier de ses réflexions sur les événements actuels.
Après l'assassinat de José Luis, Aitziber et sa mère ont reçu de nombreuses manifestations de soutien, mais aussi des rejets. Elles ont été soutenues par ceux qui ont eu le courage de le faire, même dans un environnement hostile.
Les groupes socialistes d'Andoain et de Zarautz ont joué un rôle crucial dans la préservation de la mémoire de José Luis. Leur soutien inconditionnel a été très significatif pour la famille, renforçant l'idée de cohérence entre les idées et les actes.
Aitziber López de Lacalle continue de porter le poids de la mémoire de son père avec dignité. Malgré les années, le souvenir de José Luis reste vivant, alimenté par l'amour et le respect de ceux qui l'ont connu. Son héritage continue d'inspirer les générations futures.