Après avoir été accusé d'avoir volé l'histoire d'une jeune Algérienne pour son roman « Houris », l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud fait face à des mandats d'arrêt internationaux et à une plainte en France. Ce lundi 12 mai, il a dénoncé une persécution judiciaire dans une déclaration au journal Le Figaro.
Pour le lauréat du prix Goncourt en 2024, ces poursuites représentent « une façon de l’enfermer dans un labyrinthe de procédures ». Il estime que ces accusations nuisent à sa réputation et à sa liberté d'expression.
La justice algérienne a émis deux mandats d'arrêt contre Kamel Daoud et son épouse, une psychiatre. Ils sont accusés de violation de la vie privée d'une plaignante algérienne, Saâda Arbane. Cette dernière prétend que son récit de vie a été utilisé sans son consentement pour le roman « Houris » publié par Gallimard.
Saâda Arbane, rescapée d'un massacre durant la décennie noire, a déclaré : « Je ne cherche pas à censurer un écrivain, je cherche à faire reconnaître un préjudice réel et très grave ». Son témoignage soulève des questions sur la protection des droits d'auteur et la vie privée.
En apprenant qu'il était visé par ces mandats, Kamel Daoud a annoncé qu'il allait contester ces accusations auprès d'Interpol. Une procédure civile est également en cours devant le tribunal judiciaire de Paris. La première audience a eu lieu mercredi, et la prochaine est prévue pour le 10 septembre.
Dans une interview sur France Inter, Kamel Daoud a affirmé que « tout le monde connaît cette histoire en Algérie, et surtout à Oran ». Il considère que le fait que la plaignante se reconnaisse dans son roman est injustifié, car son livre ne cite pas son nom et ne raconte pas sa vie.
« Houris » traite de thèmes sombres, notamment le destin d'Aube, une jeune femme muette après un acte de violence. Ce roman, qui évoque les horreurs de la guerre civile en Algérie, ne peut pas être publié dans le pays en raison d'une loi interdisant les ouvrages sur cette période tragique.
La décennie noire, qui a eu lieu entre 1992 et 2002, a causé la mort d'au moins 200 000 personnes, selon des chiffres officiels. Le livre de Kamel Daoud soulève des questions sur la liberté d'expression et les limites de la création littéraire.
Les accusations portées contre Kamel Daoud illustrent les tensions entre la liberté artistique et le respect de la vie privée. Alors que des procédures judiciaires sont en cours, cette affaire soulève des interrogations sur la censure et la responsabilité des écrivains dans le traitement de récits sensibles. L'issue de ce conflit pourrait avoir des répercussions sur la scène littéraire algérienne et au-delà.