Des centaines de personnes ont été arrêtées à Istanbul, où 50 000 policiers ont été déployés pour réprimer les manifestations du 1er mai. Les autorités ont interdit les rassemblements dans la célèbre place Taksim, où les manifestations sont interdites depuis 2013. Les transports publics ont été suspendus pour empêcher les gens d'accéder à la place, entraînant des tensions dans la ville.
Des images de la capitale turque montrent des affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants. Les protestataires chantaient alors que la police évacuait de force les détenus vers des bus. Cette année, la situation est particulièrement tendue après l'arrestation de l'opposant Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et rival principal du président Erdogan.
Chaque année, le 1er mai, des marches sont organisées par des travailleurs et des syndicats pour célébrer la fête du travail dans de nombreux pays. La place Taksim, cœur d'Istanbul, était sous un verrouillage strict, avec des barrières métalliques et des policiers sur toutes les routes menant à l'endroit. Les autorités étaient déterminées à éviter toute grande manifestation cette année.
La place, habituellement animée, était déserte, avec des restaurants et des magasins fermés. Les seules personnes autorisées à passer étaient celles ayant reçu une autorisation. Quelques syndicats ont pu accéder brièvement à Taksim, brandissant des bannières rouges et des fleurs, mais étaient rapidement repoussés.
Des groupes de touristes passaient parfois à pied, incertains de leur destination, traînant des valises. Un étudiant, Murat, a déclaré que les rues étaient « bloquées comme en état d'urgence ». Il a rapporté que des petits groupes étaient évacués des rues sous torture, une situation qu'il ne vivait pas pour la première fois.
Mercredi, 100 personnes ont été arrêtées pour avoir prétendument prévu de protester. Les autorités ont annoncé que 382 personnes avaient été arrêtées pour des manifestations non autorisées. Amnesty International a appelé la Turquie à lever l'interdiction des manifestations à Taksim, qualifiant les restrictions de « totalement fallacieuses ».
L'arrestation d'Ekrem Imamoglu en mars a déclenché des manifestations massives à Istanbul. Des centaines de milliers de pro-démocratie ont soutenu le maire, détenu pour des accusations de corruption qu'il nie. Il affirme que son arrestation est d'ordre politique, ce que le gouvernement conteste, affirmant que les tribunaux turcs sont indépendants.
Élu maire en 2019, Imamoglu est considéré comme le seul politicien capable de défier Erdogan lors de l'élection de 2028. Il a été confirmé comme candidat de l'opposition alors qu'il était en détention. Erdogan, au pouvoir depuis plus de 20 ans, ne peut pas se représenter après 2028, sauf s'il modifie la constitution turque.
La situation à Istanbul illustre les tensions croissantes entre le gouvernement turc et ceux qui s'opposent à son autorité. Les répressions des manifestations du 1er mai soulignent les défis auxquels sont confrontés les droits civiques en Turquie. Alors que les arrestations se multiplient, la lutte pour la liberté d'expression et le droit de manifester continue d'être un enjeu crucial pour le pays.