La décision de supprimer l'enseignement du latin dans le secteur public a suscité des réactions vives. Des enseignants et des universitaires affirment que cela représente une opportunité manquée pour de nombreux élèves issus de milieux défavorisés. Le programme, financé à hauteur de 4 millions de livres sur quatre ans, a été annulé par le gouvernement travailliste en février, suscitant la colère de certains.
Les critiques du programme soulignent que son succès était limité, mais de nombreux académiciens et députés le qualifient de tragédie pour les jeunes. Le gouvernement a justifié sa décision par un décalage budgétaire hérité, mais a promis un soutien aux élèves de GCSE en latin qui passeront leurs examens cet été.
Malgré l'annulation du programme, certaines écoles publiques continuent d'offrir aux élèves l'opportunité d'apprendre le latin. À Keswick School, en Cumbria, le latin est enseigné après les heures de cours. Marcella Jackson, enseignante, souligne que cette langue n'est pas réservée à une élite académique.
Elle déclare : "Nous proposons le latin aux élèves bénéficiant de la prime pour élèves défavorisés. Ils aiment les langues et l'histoire, et c'est une chance pour eux." Ses anciens élèves, comme Marianne et Richard, témoignent des avantages que leur a offerts cette langue ancienne, notamment dans leurs études futures.
Professeur à l'Université de Durham, Arlene Holmes-Henderson a mené des recherches montrant que l'étude du latin a un impact significatif sur les élèves issus de milieux défavorisés. Elle a identifié trois groupes d'élèves qui en tirent le plus de bénéfices : ceux avec des besoins éducatifs spéciaux, les élèves non natifs en anglais, et ceux bénéficiant de repas scolaires gratuits.
Ces groupes, confrontés à des barrières d'apprentissage, ont débloqué des avantages considérables en matière de littératie anglaise. Cathy Bothwell, enseignante de latin à Durham Johnston School, souligne que l'enseignement du latin est un aspect fondamental de la justice sociale.
Une étude de la British Society en 2020 a révélé que seulement 3 % des écoles publiques enseignaient le latin, contre 49 % dans le secteur privé. Cela montre une disparité significative dans l'accès à cette matière. Seules deux écoles de la région ont profité du programme gouvernemental de 2022.
Rachael Maskell, députée travailliste, insiste sur l'importance d'offrir l'accès au latin aux jeunes issus de milieux moins privilégiés. Elle affirme qu'il serait inacceptable que l'enseignement classique soit réservé à une minorité privilégiée.
Un porte-parole du ministère de l'Éducation a déclaré que les décisions difficiles étaient nécessaires en raison d'un décalage budgétaire de 22 milliards de livres. Cependant, il a assuré que des formations de qualité pour les enseignants des écoles participant au programme d'excellence en latin allaient se poursuivre.
Professeur Holmes-Henderson rappelle que le latin reste une partie intégrante du curriculum national. Elle encourage les écoles à explorer d'autres sources de financement pour maintenir l'enseignement de cette langue. L'Université de Durham, avec son centre de recherche dédié à l'éducation classique, est déterminée à élargir l'accès à l'enseignement du latin.
La suppression de l'enseignement du latin dans le secteur public soulève des préoccupations majeures concernant l'égalité d'accès à l'éducation. Les témoignages d'élèves et d'enseignants montrent que le latin peut offrir des opportunités précieuses pour les jeunes. Il est essentiel de continuer à défendre l'enseignement de cette matière pour garantir que tous les élèves, indépendamment de leur origine, puissent en bénéficier.