Les nouvelles sancions américaines contre le pétrole russe soulèvent des questions cruciales concernant leur impact sur la guerre en Ukraine. Annoncées par le président Donald Trump, ces sanctions visent à mettre la pression sur Moscou pour qu'il mette fin à ce conflit. Cela soulève des interrogations sur les conséquences pour les entreprises ciblées et pour l'économie mondiale.
Les sanctions, imposées par l'Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Department of the Treasury, visent principalement Rosneft et Lukoil. Ces deux géants représentent presque la moitié des exportations de pétrole russes, selon des estimations de Bloomberg. Rosneft, dirigée par Igor Sechin, un proche de Poutine, est une entreprise d'État, tandis que Lukoil est une société privée.
Ensemble, ces entreprises exportent environ 3,1 millions de barils de pétrole par jour. Rosneft est responsable de près de la moitié de la production pétrolière russe, représentant 6 % de la production mondiale, selon le gouvernement britannique. Ces entreprises jouent un rôle crucial dans le financement de l'effort de guerre russe.
Les sanctions visent à affaiblir la capacité industrielle de la Russie à mener la guerre. Selon Dr Stuart Rollo, chercheur à l'Université de Sydney, l'objectif est de forcer la Russie à accepter des conditions de paix par crainte des conséquences économiques des sanctions. Toutefois, l'impact immédiat sur l'équilibre militaire en Ukraine pourrait être limité.
Michael Raska, professeur à l'Université technologique de Nanyang, souligne que les marges bénéficiaires en baisse pourraient obliger la Russie à faire des choix difficiles entre le maintien de la stabilité socio-économique et le financement d'une guerre prolongée. Cela pourrait inciter Moscou à reconsidérer sa position sur le conflit.
Les sanctions vont inévitablement affecter l'économie russe, où les taxes des industries pétrolières et gazières représentent environ un quart du budget fédéral. Cependant, les répercussions pourraient s'étendre au-delà des frontières russes, touchant des pays comme la Chine et l'Inde, principaux clients du pétrole russe.
En 2022, la Chine a acheté plus de 100 millions de tonnes de pétrole brut russe, représentant près de 20 % de ses importations énergétiques. De même, les exportations vers l'Inde ont considérablement augmenté, atteignant environ 140 milliards de dollars. Cela soulève des questions sur la réaction de ces pays face aux nouvelles sanctions.
Les annonces de sanctions ont déjà entraîné une hausse des prix du pétrole à l'échelle mondiale. Le prix du Brent, un indicateur clé, a augmenté de 5 % suite à l'annonce de Trump. Cette hausse pourrait être exacerbée par l'incertitude entourant l'approvisionnement en énergie.
Cependant, Dr Rollo prévient que cette tendance pourrait ne pas se maintenir à long terme, à moins que des sanctions secondaires strictes ne soient mises en œuvre. L'impact sur les prix du pétrole dépendra donc de l'évolution de la situation géopolitique et des décisions des pays consommateurs.
Les nouvelles sanctions américaines contre le pétrole russe représentent un tournant dans la dynamique de la guerre en Ukraine. Alors que l'objectif est de faire pression sur le Kremlin, les conséquences pour l'économie russe et pour le marché mondial de l'énergie restent à évaluer. Les prochains mois seront cruciaux pour observer l'évolution de cette situation complexe.