Bien qu'il reste encore des incertitudes, le gouvernement a présenté hier les conclusions du rapport du Comité d'analyse de la crise électrique survenue le 28 avril. La vice-présidente et ministre de la Transition Écologique, Sara Aagesen, a détaillé certains éléments et solutions après le Conseil des ministres.
Que s'est-il passé ? Une série de problèmes consécutifs a eu lieu, aggravés par la solution mise en œuvre. Le ministère a fourni une chronologie des événements en quatre phases, commençant quelques jours avant l'incident, lorsque des altérations de tension ont été détectées dans le système.
La première phase a débuté le 27 avril, lorsque le marché quotidien a été clôturé et que Red Électrique a appliqué des restrictions techniques. Après la vente de l'électricité provenant de diverses sources, l'opérateur a programmé 10 centrales en tant que sauvegarde. Cependant, à 20h00, l'une d'elles a été déclarée indisponible, et l'opérateur a choisi de ne pas la remplacer.
Le 28 avril, dès 9h00, une instabilité a été détectée, s'intensifiant à 10h00 avec des variations de tension, qui restaient dans les limites réglementaires. Entre 12h00 et 12h30, un va-et-vient rythmique a été observé, avec des oscillations anormales à 12h03, détectées jusqu'en France et en Allemagne.
Les mesures prises par l'opérateur ont été efficaces pour traiter les symptômes, mais n'ont pas résolu le problème sous-jacent. Par exemple, la réduction de l'exportation d'électricité vers la France a entraîné une diminution de la génération en Espagne, ce qui a aggravé la tension. À 12h19, une nouvelle oscillation est apparue, et malgré l'activation des mesures, la situation s'est détériorée.
À 12h16, une oscillation à plus petite échelle a été gérée, mais la centrale de sauvegarde ne pouvait pas être mise en ligne immédiatement, nécessitant une heure et demie. À ce moment-là, l'Espagne était déjà dans l'obscurité depuis près d'une heure et demie.
La deuxième phase a été marquée par une perte de génération qui a duré quelques secondes, provoquant une montée rapide de la tension. Des centrales de petite taille ont commencé à se déconnecter, entraînant des effets en cascade dans plusieurs régions, notamment à Grenade et Badajoz.
La troisième phase, celle du colmatage, a été brève, mais a entraîné une perte de synchronisme avec l'Europe, rendant impossible toute interconnexion. À ce stade, Aagesen a reconnu qu'il n'y avait plus rien à faire pour contenir la situation.
Quelles mesures seront mises en place ? Le ministère de la Transition Écologique envisage de renforcer la supervision et la vérification du respect des obligations par tous les acteurs du système électrique. Des mesures techniques visant à améliorer le contrôle de la tension et la protection contre les oscillations seront également mises en œuvre.
Parmi les propositions, on trouve l'augmentation de la demande et de la flexibilité du système électrique, ainsi qu'une révision des services de réglage et des restrictions techniques. Une autre clé sera d'accroître l'interconnexion avec la France, un objectif en attente depuis des années.
Le mix électrique espagnol est très diversifié et de plus en plus dominé par les énergies renouvelables. Avant l'incident, la production d'électricité verte a atteint plus de 70%. En 2024, la solaire a contribué à 16,7% de la production, devenant ainsi la troisième source, derrière l'éolien et le nucléaire.
Comparé à il y a quelques années, le système a considérablement évolué. Le gaz et l'hydraulique, qui sont régulables, ont également gagné en importance. Le gouvernement prévoit de fermer les sept réacteurs nucléaires du pays entre 2027 et 2035, remplaçant ces sources par d'autres alternatives.
La crise électrique du 28 avril a mis en lumière les défis auxquels fait face le système électrique espagnol. Les mesures à venir sont cruciales pour éviter de futures perturbations. Le renforcement de l'interconnexion et l'amélioration des capacités de gestion de tension seront essentiels pour garantir la stabilité du réseau électrique.