Le groupe kurde PKK, qui a mené une insurrection de 40 ans contre la Turquie, a annoncé qu'il allait déposer les armes et se dissoudre. Cette décision fait suite à un appel lancé en février par le leader emprisonné du groupe, Abdullah Ocalan, pour que l'organisation se dissocie.
Le PKK est classé comme organisation terroriste en Turquie, dans l'UE, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Initialement, l’insurrection visait à créer un État indépendant pour les Kurdes, qui représentent environ 20 % de la population turque. Cependant, le groupe a évolué vers des objectifs d'autonomie accrue et de droits plus larges pour les Kurdes.
Plus de 40 000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit. En février, Ocalan, âgé de 76 ans, a appelé son mouvement à déposer les armes et à se dissoudre. Depuis 1999, il est en isolement dans une prison sur une île de la mer de Marmara, au sud-ouest d'Istanbul.
Dans une lettre écrite depuis sa prison, Ocalan a déclaré qu'il n'y avait aucune alternative à la démocratie pour réaliser un système politique. Il a insisté sur l'importance d'un consensus démocratique comme voie fondamentale.
Il n'est pas clair ce que Ocalan et ses partisans obtiendront en retour pour leur dissolution, mais des spéculations circulent sur une éventuelle libération conditionnelle. Les politiciens kurdes espèrent un nouveau dialogue politique et un chemin vers de plus grands droits pour les Kurdes.
Les deux parties ont des raisons de négocier maintenant. Le PKK a subi de lourdes pertes face à l'armée turque ces dernières années. Les changements régionaux ont également compliqué leurs opérations en Iraq et en Syrie.
Le président Erdogan a besoin du soutien des partis politiques pro-kurdes pour pouvoir se représenter aux prochaines élections présidentielles en Turquie, prévues en 2028. La décision de dissoudre le PKK est considérée comme un pas important vers une Turquie sans terrorisme, et le processus sera surveillé par des institutions d'État.
Winthrop Rodgers, du think tank Chatham House, a déclaré qu'il faudrait une transition démocratique majeure en Turquie pour répondre aux demandes des partis politiques kurdes. Il a noté qu'il y avait eu une certaine bonne volonté de la part de certains dirigeants turcs ces derniers mois, ce qui a permis au processus de dissolution du PKK de progresser.
La dissolution du PKK pourrait ouvrir la voie à un nouveau chapitre dans les relations entre la Turquie et la communauté kurde. Cependant, il reste à voir si cette dynamique se traduira par des changements significatifs garantissant une participation pleine et entière des Kurdes dans la politique et la société turques.