Les tensions au sein du mouvement conservateur canadien refont surface à l'approche des élections fédérales. Ces conflits internes compliquent les efforts de Pierre Poilievre, le leader du Parti conservateur, pour se présenter comme un unificateur capable de rivaliser avec le président américain Donald Trump. Les experts soulignent que cette division n'est pas nouvelle, mais qu'elle pourrait avoir des répercussions significatives sur l'élection à venir.
Des déclarations récentes de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, et de Preston Manning, ancien leader du Parti réformiste, ont exacerbé les tensions. Ces commentaires ont suscité la colère de figures importantes du parti comme James Moore et Jason Kenney. Selon Lisa Young, professeure en sciences politiques à l'Université de Calgary, "il existe une division assez profonde au sein du mouvement conservateur".
Cette division, bien que masquée pendant les années Harper, pourrait maintenant se révéler au grand jour. Les experts estiment que si Poilievre avait maintenu son avance sur les libéraux, ces tensions seraient restées dans l'ombre. Cependant, la situation actuelle pourrait changer la dynamique politique.
Smith a récemment rencontré le leader libéral et premier ministre, Mark Carney, et a ensuite publié une liste de revendications qu'elle estime cruciales pour éviter une crise d'unité nationale. Parmi ces exigences, elle a demandé de ne pas utiliser les exportations de pétrole de l'Alberta comme un outil de négociation dans un conflit commercial. Cette déclaration a mis en lumière des préoccupations sur l'unité nationale.
Le lendemain, Smith a écrit au premier ministre du Québec, François Legault, pour discuter de la souveraineté provinciale. Elle a déclaré qu'il y avait une opportunité pour Alberta et Québec de tracer un nouveau chemin dans le fédéralisme canadien.
Les commentaires de Smith sur les tarifs douaniers ont également suscité des critiques. James Moore a souligné que les tarifs sur l'acier et l'aluminium affectent gravement d'autres provinces. Il a affirmé que "lorsque l'Alberta est attaquée économiquement, c'est mauvais pour le Canada". Jason Kenney a également exprimé son inquiétude, affirmant que les Albertains soutiennent leurs concitoyens des autres provinces.
Ces réactions montrent que les membres du parti sont divisés sur la manière de répondre aux défis économiques. Kenney a même suggéré que toutes les options doivent être envisagées pour protéger les emplois canadiens.
Malgré ses efforts pour se positionner comme un défenseur du Canada face à l'administration Trump, Poilievre se retrouve dans une situation délicate. Les déclarations de ses collègues conservateurs semblent miner ses tentatives de promouvoir l'unité nationale. Christopher Cochrane, professeur associé à l'Université de Toronto, a noté que les Canadiens doutent de l'engagement du Parti conservateur envers l'unité du pays.
La situation électorale est particulièrement difficile pour les conservateurs, dont le soutien est principalement concentré en Alberta et en Saskatchewan. En revanche, les libéraux bénéficient d'un soutien plus réparti à l'échelle nationale, ce qui complique davantage la tâche de Poilievre.
En somme, les tensions internes du mouvement conservateur mettent en péril les aspirations de Poilievre à unifier le parti et à se positionner comme un leader national. Les défis auxquels il fait face sont nombreux, et chaque déclaration publique pourrait influencer l'issue des élections. La capacité de Poilievre à naviguer dans ces divisions sera cruciale pour l'avenir politique du Parti conservateur.