Un récent incident a révélé que même les forces de l'ordre ne sont pas à l'abri des technologies de surveillance avancées. Deux anciens policiers, dont un membre actuel de la GRC, ont déclaré que la GRC avait utilisé un logiciel espion controversé pour les surveiller. Cette situation soulève des questions sérieuses sur la protection de la vie privée des Canadiens.
Le policier à la retraite, Paul McNamara, a rapporté avoir ressenti une chaleur inhabituelle sur son téléphone pendant une conversation avec l'agent de la GRC, Pete Merrifield. Peu après, il a découvert que la GRC avait utilisé un outil d'investigation sur appareil (ODIT) pour pirater leurs téléphones. Cette révélation a été faite dans le cadre d'une affaire judiciaire en cours.
Les ODIT permettent à la police de lire des messages en temps réel, même sur des applications cryptées. Bien que des préoccupations aient été soulevées par des groupes de défense des droits, cette technologie a été utilisée sur des témoins, non sur des suspects. Cela soulève des inquiétudes quant à l'utilisation de telles technologies par les forces de l'ordre.
Actuellement, le Canada ne dispose d'aucune législation régissant l'utilisation des logiciels espions. En 2022, un comité de la Chambre des communes a demandé à la GRC de divulguer ses outils d'investigation, mais la GRC a admis avoir utilisé des ODIT depuis 2017 sans en informer le public. Cela soulève des questions éthiques sur la transparence des actions policières.
Selon un rapport de la GRC de 2024, ces outils ne sont déployés que pour des enquêtes criminelles graves. Cependant, la définition de ce qui constitue une "enquête grave" reste floue, ce qui pourrait mener à des abus de pouvoir.
McNamara et Merrifield ont intenté une action en justice contre le gouvernement fédéral, demandant 5,5 millions de dollars en dommages-intérêts. Ils affirment que des informations erronées fournies par le CSIS ont nui à leur réputation et à leur carrière. Malgré leur statut de témoins, ils ont subi un stress considérable et une perte de réputation.
Leur situation met en lumière les conséquences psychologiques et professionnelles que peuvent subir ceux qui se retrouvent impliqués dans des enquêtes de cette nature, même sans être accusés de crimes.
Des experts, comme l'avocat Adam Boni, soulignent que l'utilisation des ODIT par la GRC pourrait avoir des implications inquiétantes pour la protection des droits des Canadiens. Il appelle à une discussion sérieuse sur l'utilisation de cette technologie par l'État et sur la nécessité d'un encadrement légal adéquat.
McNamara, quant à lui, se sent violé par l'utilisation de cette technologie. Il affirme que cela représente une érosion des droits des citoyens et un manquement aux obligations éthiques des forces de l'ordre.
La situation actuelle concernant l'utilisation des ODIT par la GRC soulève des questions essentielles sur la protection de la vie privée au Canada. Les témoignages de McNamara et Merrifield mettent en lumière les dangers d'une surveillance policière non régulée. Il est impératif que des mesures soient prises pour garantir que ces technologies ne soient pas utilisées de manière abusive.