La Côte d'Ivoire, célèbre pour sa production de cacao et ses talents footballistiques, fait face à des défis politiques majeurs. Tidjane Thiam, un homme d'affaires de renom, apprend à ses dépens que la politique locale est bien plus complexe. Alors qu'il aspire à la présidence, la question de sa citoyenneté soulève des doutes sur ses ambitions.
Après avoir exercé pendant plus de vingt ans dans la finance mondiale, Thiam est revenu en Côte d'Ivoire en 2022. Il espérait succéder à Alassane Ouattara, dont le mandat touche à sa fin. Cependant, un jugement a déclaré qu'il avait perdu sa citoyenneté ivoirienne en acquérant la nationalité française, ce qui complique sa candidature pour les élections de cette année.
Thiam, issu d'une famille noble et ayant occupé des postes gouvernementaux dans les années 1990, semblait être un candidat idéal. Sa nomination comme représentant du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) en avril 2023 lui offrait une chance unique de rivaliser avec Ouattara. Cependant, la décision judiciaire a bloqué son élan.
La situation de Thiam n'est pas isolée. D'autres figures de l'opposition, comme Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, ont également été écartées de la course. Cela crée un paysage politique où Ouattara pourrait se présenter sans réelle opposition. Cette absence de défi politique pourrait exacerber le mécontentement populaire face à l'establishment politique.
Dans un contexte où de nombreux jeunes se sentent déçus par la politique, cette situation pourrait alimenter des sentiments anti-gouvernementaux. Les récents coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger montrent que la jeunesse est prête à soutenir des changements radicaux.
Malgré les défis, il y a eu des exemples encourageants dans la région. Des élections libres en Libéria, au Sénégal et au Ghana ont vu des gouvernements sortants être remplacés. Ces événements ont suscité l'espoir que la Côte d'Ivoire puisse également offrir un exemple positif de choix démocratique.
La Côte d'Ivoire, en tant que puissance économique de la région, joue un rôle crucial. Sa stabilité est observée de près dans toute l'Afrique de l'Ouest. Cependant, la montée des questions d'identité et des lois restrictives menace de raviver des tensions anciennes et de compromettre les progrès réalisés.
La décision du tribunal a mis en lumière les complexités de la nationalité en Côte d'Ivoire. Thiam, bien qu'il ait récupéré sa citoyenneté, est maintenant exclu du registre électoral. Ses avocats ont tenté de prouver qu'il avait droit à la nationalité ivoirienne dès la naissance, mais cela n'a pas été accepté.
Thiam a souligné l'absurdité de la situation en comparant son cas à celui des joueurs de l'équipe nationale, dont beaucoup ont également la nationalité française. Cette situation illustre les contradictions de la loi sur la nationalité et son impact sur la politique ivoirienne.
La Côte d'Ivoire se retrouve à un carrefour délicat. La politique de citoyenneté et les exclusions qui en découlent pourraient avoir des conséquences profondes sur la démocratie. Alors que l'élection approche, l'avenir de Thiam et de la Côte d'Ivoire reste incertain. Le pays doit naviguer avec prudence pour éviter de raviver les tensions du passé.