
New Delhi vit depuis longtemps dans une exhalation toxique, telle un poumon malade qui a oublié comment guérir. Le lever du jour, la plupart du temps, ne commence pas par la lumière, mais par une ombre dense et vénéneuse. Personne au monde ne respire un air plus contaminé que les plus de 30 millions de personnes vivant dans la région métropolitaine de la capitale indienne.
Cette semaine, la concentration de PM 2,5 à Delhi, une mesure de la qualité de l'air, était 40 fois supérieure au niveau de référence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Nous sommes en pleine saison où les agriculteurs des régions environnantes brûlent les résidus de leurs champs, aggravant ainsi la pollution et étouffant la grande ville.
Les pétards et feux d'artifice ont particulièrement rendu l'air irrespirable ces jours-ci. Des millions d'Indiens ont célébré le Diwali, l'une des plus importantes fêtes hindoues du pays. Cet événement, célébré par différentes religions, célèbre le triomphe de la lumière sur l'obscurité et du bien sur le mal.
Pour fêter cela, des milliers de pétards et feux d'artifice sont allumés, créant un paysage encore plus nébuleux en libérant des oxydes de soufre et de l'azote dans l'air, ainsi que des métaux lourds nocifs. Il y a cinq ans, face à cette méga-fête, les autorités indiennes ont interdit les produits pyrotechniques conventionnels, ne permettant que la vente des "pétards verts".
Pour nettoyer le gigantesque manteau de brume qui enveloppe l'une des villes les plus peuplées du monde, les autorités ont recours à des méthodes classiques comme arroser les routes et restreindre le trafic. Cependant, cette année, un nouvel essai de semence de nuages est en cours pour induire une pluie artificielle.
La technique consiste à tirer des roquettes ou des drones chargés de bromure d'argent, une sal qui aide à former des cristaux de glace. Ces cristaux incitent les nuages à produire plus de précipitations. Le jeudi, le premier vol d'essai a eu lieu au-dessus de New Delhi avec des aéronefs non pilotés.
La technique de semis de nuages a été popularisée par le chimiste américain Vincent Schaefer dans les années 1940. Il a découvert qu'il pouvait créer de la pluie ou de la neige artificielle en pulvérisant de l'azote liquide dans les nuages. Cela pourrait aider à atténuer les sécheresses et améliorer la qualité de l'air.
La Chine a été le premier pays à utiliser sérieusement cette technique, notamment lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 pour garantir un climat sec. L'été dernier, des rapports ont détaillé le succès de la semence de nuages dans la région aride du Xinjiang, où des drones ont été utilisés pour tirer des barres de bromure d'argent.
Actuellement, l'Inde s'engage dans des programmes de modification climatique que sa voisine, la Chine, perfectionne depuis des années. Bien que des études montrent que certaines formes de semence de nuages pourraient augmenter les précipitations, il n'existe pas de consensus total sur l'efficacité de ces programmes. Le pays le plus peuplé du monde cherche des solutions pour lutter contre la pollution atmosphérique dans sa capitale chaotique.