« Ça Devrait Frétiller » : Trois Ans Après La « Pollution Du Siècle », Pourquoi Les Poissons Fuient-Ils Toujours Ce Cours D’Eau De L’Oise ?

Ouverture de la saison de pêche

OiseBeauvais, le vendredi 7 mars. À quelques heures de l'ouverture de la saison de pêche, 250 kg de truites ont été versés dans le Thérain pour rempoissonner la rivière. Le coup d’envoi a été donné à 6h50 précises. Depuis ce samedi matin, la saison de pêche à la truite 2025 a officiellement débuté sur toutes les rivières de France, y compris celles de l’Oise.

Cette journée est très attendue par les pêcheurs, qui sont environ 10 000 dans le département. Comme chaque année, les garde-pêches de Beauvais se mobilisent la veille de l’ouverture pour assurer le rempoissonnement du Thérain. Du boulevard Amyot-d’Inville jusqu’à Voisinlieu, 250 kg de truites ont été ajoutés à la rivière.

Les opérations de rempoissonnement

Six autres opérations de rempoissonnement seront programmées d’ici le mois d’août. Cela représente environ 1,8 tonne de poissons et près de 18 000 euros d’investissement pour la Truite de Beauvais, la société de pêche gérant le Thérain dans la ville préfecture. Ce programme vise à renflouer la rivière après ce que l’on appelle « la pollution du siècle. »

Le 23 octobre 2022, une tornade à Songeons a endommagé une cuve d’engrais liquide, entraînant une vaste fuite de produit polluant. Cette catastrophe a décimé la faune et la flore locales, causant la mort de milliers de poissons. « Trois ans après, la rivière n’est toujours pas guérie », déplore Alain Ridel, garde-pêche.

Les conséquences de la pollution

« La pollution a tout détruit », affirme Alain Ridel. Le Thérain fait une boucle derrière son domicile à Voisinlieu. Chaque jour, il inspecte « sa rivière. » Il constate l'absence d'alvins, de perches, de gardons et même de brochets. « On ne trouve que de la truite mais uniquement parce qu’on en met », explique-t-il.

Sans nourriture, les truites ne restent pas. « Le blanc, comme les gardons et les brèmes, nourrit les gros poissons. La pollution à l’ammoniaque a tout détruit. On nous a dit qu’il faudrait au moins cinq ans pour retrouver une situation normale », ajoute-t-il.

Actions pour la reproduction des poissons

Pour inciter les truites à se reproduire localement, deux opérations de décolmatage ont été réalisées. Cela consiste à retirer de la vase au fond de la rivière. « Les truites pondent sur du gravier », précise Reynald Roger, garde-pêche de Saint-Martin-le-Noeud. Cent mètres ont été dégagés au niveau du pont d’Arcole.

Depuis l’an dernier, 1,2 km de rivière a été sanctifié pour permettre la reproduction des poissons. Cependant, les garde-pêches de Beauvais se sentent un peu seuls dans leur combat pour « faire revivre la rivière. » Ils regrettent le manque d’actions de la municipalité malgré leurs alertes.

Un avenir incertain pour la rivière

Pascal Philippe, habitant d’Auneuil, a remarqué l’évolution de la rivière. « Ça a bien changé », confirme-t-il. Le manque d’entretien sur les berges est évident, et plusieurs zones de Voisinlieu ne sont plus accessibles pour la pêche. Malgré cela, il a repris sa carte de pêche pour retrouver ses amis.

À Beauvais, la pollution du Thérain n’a pas découragé les pêcheurs. « Depuis cet épisode, on est passé de 540 permis de pêche à 750 l’an dernier », rappelle Vincent Lebailly, président de la société de pêche la Truite de Beauvais. Cette année, le nombre de cartes vendues devrait encore augmenter.

Conclusion

Malgré les défis posés par la pollution, les pêcheurs continuent à s’engager pour la rénovation du Thérain. Les efforts de rempoissonnement et de décolmatage sont essentiels pour redonner vie à cette rivière. Cependant, la situation demeure fragile, et les actions des autorités locales sont cruciales pour assurer un avenir durable à cet écosystème.